Tout ça pour des dossiers... [clos]

J’avais rendez vous avec un collègue de travail, c’était dimanche mais il avait des documents importants à me remettre parait-il… Pour ça, rien de mieux que de se voir au Bristol, sympathique petit café rarement vide ! Pour la énième fois, je jetais un oeil sur ma montre, trépignant d’impatience, décidément, il était en retard…

« Ks ‘ ! » marmonnai-je entre mes dents.

Cet endroit ne me plaisait pas. Outre le fait que je sois obligé de consommer leur café dégueulasse ou une toute autre boisson pas plus attrayante, il y’avait en plus un mélange d’odeurs désagréables qui agressait mes narines. Et tout ce monde surtout… Ces chairs tendres qui n’attende qu’à être dévorées… Aaah ! Mais où est-il cet imbécile ? A l’heure qu’il est, je pourrais être à la poursuite de mon repas mais non ! Je suis là à végéter comme un imbécile !

Enfin, je le vois entrer ! Toute la colère et l’impatience qu’exprimait mon visage disparus instantanément, au lieu de ça je souriais en lui faisant de grands signes de la main pour lui signaler la table où j’étais installé. Il me repéra facilement et s’approcha de moi, tira sur sa chaise et s’installa en face de moi. Il commença dès lors à parler, un véritable moulin à parole.

*Mais qu’est-ce que je m’en balance que ton chien à gerber sur le parquet ! Viens en au fait connard !*

Voilà ce à quoi je pensais tout en affichant mon sourire sympathique et engageant habituel tandis qu’il débitait ces conneries. De temps à autre, je faisais un petit hochement de tête ou ponctuait ses phrases de quelques « Ah ? » ou « Oui, j’imagine », « En effet ». Histoire qu’il se sente écouté mais en réalité je ne prêtais pas réellement la moindre attention à ce qu’il me disait…
Enfin, je le rappelais à l’ordre, profitant de l’arriver de l’intervention de la serveuse qui était venue prendre sa commande :

« Et donc, tu m’avais fait venir pour un dossier il me semble ? »

« Oui » me répondit-il et il se lança dans le vif du sujet.

*Enfin !* m’exclamais-je intérieurement.

Son cappuccino arriva, nous continuions à parler boulot, le temps passa dès lors très rapidement et j’avais obtenu les informations nécessaires à mon travail, aussi terminais-je rapidement de boire mon café qui avait eut largement le temps de refroidir et s’en trouvait d’autant plus infect. Je serrais la main à mon collègue et le dossier sous le bras, m’empressait de quitter cet endroit.

J’ouvris la porte du café et sortis dehors à l’air libre mais dans ma précipitation, je percutais quelqu’un et lâchais mon dossier dont les feuilles s’éparpillèrent sur le sol ! J’étouffais un cri de désespoir. Et m’efforçant de sourire, je m’excusais auprès de la personne que je venais de heurter malencontreusement tout en me baissant pour ramasser les feuilles avant que le vent ne les emporte au loin, jurant intérieurement.

*Je sens que je vais tuer quelqu'un...* songeai-je à bout de nerfs même si pourtant, c'est ce que je faisais tous les jours.

Aylin avait passé tout son Samedi à préparer les commandes des clients de la semaine et à réserver ses tissus. Elle avait aussi reçu une marchandise et, entre deux, s’était faite une robe assez banale (ce qui signifiait moins originale que d’habitude) afin de ne pas trop se faire remarquer en sortant. Elle était bleue nuit, avait des biais rouges sang et une ceinture brodée comme elle les aimait autour de la taille. Cela faisait ressortir sa peau très pâle, ses cheveux ainsi que ses yeux. Ayant donc bien œuvré tout son samedi et même tôt dans la matinée du Dimanche, elle s’accorda un peu de repos. Oui, sortir un peu lui faisait du bien de temps à autre. Elle ne faisait pas grand-chose de sa vie en dehors e sa boutique et les ordinateurs. Et encore, depuis que Raizen World avait été coupé, son ordinateur était devenu assez poussiéreux, marquant le peu de temps qu’elle y passait désormais.

Elle avait donc pris la courageuse décision de se rendre dans le monde extérieur et peuplé du Bristol. Il paraissait que c’était bien là bas. Elle ne s’y était jamais rendue personnellement et appréhendait un peu à vrai dire. Serait-elle obligée de parler avec des personnes dont elle ignore tout ? Déjà qu’elle ne savait pas vraiment discuter même avec sa propre famille alors avec des étrangers… Elle s’était convaincue que si jamais elle devait entrer en communication avec quelqu’un, elle trouverait une excuse, boirait tout le temps ou laisserait l’autre s’exprimer sur sa vie. Elle n’aimait pas spécialement parler d’elle surtout qu’il n’y avait pas grand-chose à dire.

Elle n’était qu’une marchande, une fille considérée comme intello qui n’avait pas d’amis, seulement des clients. Bon, elle avait suffisamment pensé à ce qu’il se passerait une fois là bas, elle devait désormais s’y rendre. Ce bar était bien indiqué… C’était bien… Elle se trouvait devant la porte depuis maintenant dix minutes et n’osait pas entrer dans l’établissement alors que des masses de personnes la bousculait afin de
rapidement entrer dans ce merveilleux endroit. Il y avait beaucoup de bruits à l’intérieur et elle n’aimait pas trop cela. Elle aurait préféré un café calme avec peu ou pas d’autres personne que le barman. En même temps c’était un peu tard pour se dire ça et, si on allait par là, elle n’avait qu’à rentrer chez
elle se servir un verre d’eau.

Il n’y avait pas que le bruit qui semblait gênant, non, il y avait aussi cette chaleur, l’air semblait lourd.

*Bon Aylin, tu voulais sortir dans un lieu branché alors branche tes neurones et entre dans ce fichu bar et commande, comme tout le monde !*

C’est ce qu’elle s’apprêtait à faire lorsqu’une personne de plus la percuta mais pour sortir cette fois. Des papiers tombèrent sur le sol, c’était catastrophique : des tas de passants allaient piétiner toutes ces pauvres feuilles. Et voilà, Aylin avait encore fait de siennes. La rouquine posa ses yeux bleus sur les papiers, essayant d’aider ce pauvre jeune homme à ramasser cela. Elle s’excusait d’un air paniqué :

" Je suis vraiment désolée… Je… Je vais vous aider à ramasser tout ça. "

Alors que la rouquine sauvait une des feuilles, sa main se fit écraser par le pied d’un passant qui ne prit pas la peine de s’excuser… Cette situation se répéta plusieurs fois, jusqu’à ce que toutes les feuilles soient ramassées. Elle regarda ses mains devenues rouges à cause de ces personnes non attentives. Bon, elle n’était pas là pour se plaindre. Ses cheveux bouclés couvrir une bonne partie de son visage penché vers le sol tandis qu’Aylin tendait la pile de papier qu’elle avait ramassé en disant d’une voix navrée et quasi inaudible, comme à chaque fois qu’elle s’exprimait avec une personne inconnue :

" Voilà, je pense qu’elles n’ont pas été abîmées… Veuillez m’excuser, je ne devrais pas me tenir devant une porte sans bouger. "

*Voilà Aylin, t’as tout gagné. Tu n’as plus de mains, la robe bleue nuit que tu viens de faire est tâchée car elle a du coup trainée sur le sol et tu as perturbé un client de ce bar si branché dont tu ne peux franchir la porte… Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ?*

La jeune femme que je venais de percuter bredouilla quelques excuses et s’empressa de se baisser pour m’aider à ramasser mes papiers éparpillés.

« Ce n’est rien, s’est moi qui aurait du faire plus attention, au lieu de foncer comme un fou ! » lâchais-je en riant doucement pour la décrisper un peu même si dans le fond je pensais : *Mais qu’est-ce que tu fichais planter là devant la porte de poil de carotte ?!*

Lorsque enfin nous eûmes rassemblé toutes les feuilles, la rouquine me tendit son paquet en marmonnant des mots que j’identifiais à grand peine ! Je ne suis pas sourd mais avec tout ce boucan et si en plus elle parle aussi doucement, il devient alors difficile de discerner ses propos ! Je cru comprendre néanmoins qu’elle s’excusait à nouveau. Je secouais la tête, affichant toujours mon sourire engageant :

« Inutile de vous excuser, ça me fera juste quelques heures de boulot supplémentaires, c’est tout. »

Je rangeais les feuilles dans leur classeur en prenant soin de bien les mettre, histoire de ne pas en plus plier les bords des feuilles. J’en voulais à cette femme d’avoir été sur mon chemin mais plus encore, je reprochais à mon collègue de m’avoir donner rendez-vous dans ce fichu café ! Tout aurait été plus simple s’il était tout simplement venu me les porter chez moi ou même si j’avais été les chercher directement chez lui, je ne voyais décidément pas pourquoi il avait insister pour me les remettre ici, dans cet endroit, bruyant, impersonnel et malodorant !
Et pire que tout, tous ces humains qui me donnaient l’eau à la bouche ! Leurs chairs tendres, le sang qui circulait dans leurs veines… Ce liquide si doux, si chaud, si rouge. Rouge… Comme les mains de la jeune femme qui venait de m’aider à regrouper mes feuilles.

Je m’empressais de secouer la tête et d’essuyer le coin de ma bouche du revers de la main. Si je me mettais à baver en public, ça n’allait pas aller ! Déjà que les IAI dans mon genre étaient recherchées, si en plus je me faisais remarquer, mon séjour dans ce monde s’en verrait écourté pour mon plus grand malheur. Je toussotais légèrement et rehaussait mes lunettes, petit tic que je m’étais découvert dans ce nouveau monde.

« Décidément, cet endroit à le don de me stresser ! » dis-je spontanément en me forçant un peu à rire. « Vous aussi apparemment, vous avez l’air réticente. » Puis de nouveau, je secouais la tête et ajoutais : « Excusez-moi je me mêle de ce qui ne me regarde pas ! »

A ce moment là, j’aurai pu simplement m’incliner, la saluer et m’en aller. Pourtant, quelque chose m’en empêchait, quelque chose de terrible : la faim. Cette femme venait de s’ajouter par un signe du hasard, à mon tableau de chasse. Bien entendu, je ne pouvais rien faire dans l’instant même devant tant de témoins ! Non, il me faudrait ruser, la mettre en confiance et enfin l’emmener dans un coin sombre pour apaiser cette faim insupportable qui me tenaillait l’estomac !

Juste quelques heures de boulot supplémentaires, voilà ce qu’elle venait de faire. Elle savait ce que les heures pouvaient être longues, surtout quand on sait qu’on aurait jamais du y passer ce temps là normalement. Elle n’allait plus s’excuser car sinon elle allait vraiment passer pour une fille stressée mais ça l’ennuyait quand même. Aylin la ne remarqua pas vraiment le geste que fit l’homme sur sa bouche, étant trop dans ses pensées pour cela. Pendant un moment elle imagina les situations si elle avait eu lieu avec Néo… Heureusement que ce n’était pas Néo, elle aurait fait mauvaise impression dès le début et ce n’est pas comme ça qu’elle aurait eu sa chance.

*Mais, ma pauvre fille, arrête de penser ça, Néo ne s’est de toute manière sans doute pas incarné… Arrête de rêver sur quelque chose d’immatériel.*

Voilà qu’il se mit à tousser, ce qui me ramena à la réalité. Voilà qu’il s’adressait à elle. Il supposait qu’elle n’aimait pas ce lieu? Il était gêné ? Olalala tout cela était déjà bien trop complexe pour elle. Certes, Aylin ne portait pas ce lieu dans son cœur. C’était pour cela qu’elle restait à la porte. On pouvait donc affirmer, comme ce monsieur, qu’elle avait une certaine réticence. La rouquine se demanda ce qu’elle devait répondre à cela, devait-elle le rassurer, confirmer ou ? Elle ne connaissait pas cette personne après tout et même si pour le moment il ne semblait pas méchant, la plupart des personnes qu’elle croisait le devenait rapidement avec elle ou se moquait.

Mais devait-elle condamner et fuir toujours les autres s’ils n’étaient pas ses clients ? Elle finirait par s’isoler sur une île à ce rythme là. La rouquine se lança donc et lui répondit d’une voix toujours aussi peu audible, mais au moins elle lui répondait :

« Non, mais ce n’est pas grave. Je… Oui c’est spécial ici. Il y a beaucoup de bruits, de monde. »

D’autres personnes pestaient que désormais deux personnes restaient devant le Bristol en ne bougeant pas. Oui, le jeune homme et elle allaient se faire bousculer encore et toujours s’ils ne bougeaient pas de là. Aylin proposa donc ceci :

« Peut-être devrions-nous nous écarter un petit peu afin de ne plus gêner et être gêné. »

Aylin alla donc quelques pas plus loin où l’air était déjà plus respirable et où on ne les bousculerait plus. Des passants arrivaient de temps à autre mais ils ne les embêtaient plus ici au moins. Désormais que la rouquine
avait décidé qu’elle n’irait pas dans ce fichu bar trop fréquenté, elle se demandait ce qu’elle allait faire. Hm, elle rentrerait sans doute chez elle et se ferait des vêtements ou peut-être faire ses comptes. Ca n’avait rien de bien passionnant mais il fallait bien le faire de temps à autre. D’ailleurs elle n’avait pas encore envoyé le chèque à ses parents ce mois-ci. Il faudrait qu’elle le fasse afin de ne pas les mettre dans l’embarras. Ils avaient tant fait pour elle, elle leur devait bien ça.

Elle demanda, à tout hasard, pour dire de parler, toujours aussi faiblement mais sans le bruit ça devait mieux passer :

« Je suppose que vous allez rentrer chez vous désormais ? »

S’il le faisait, elle rentrerait chez elle aussi. Peut-être se prendrait-elle un rafraichissement ? Finalement, elle s’était faite à cette idée, elle n’était pas faite pour aller dans les endroits branchés.

Ainsi donc je ne m’étais pas trompé quoiqu’il n’était pas difficile de deviner que cet endroit la refroidissait quelque peu sinon elle ne serait pas restée plantée là devant l’entrée. D’ailleurs, en parlant, de ça, elle me fit remarquer qu’il valait peut-être mieux nous écarter un peu de l’entrée afin de libérer le passage.

« En effet. » répondis-je tout en m’écartant de l’entrée un fin sourire aux lèvres.

Je suivis la jeune femme qui s’éloignait un peu plus loin. Ouf ! Il y’avait déjà moins de monde.

*Je respire !* songeais-je presque joyeusement.

« Je suppose que vous allez rentrer chez vous désormais ? » Entendis-je.

Décidément, cette femme parlait vraiment doucement, heureusement que j’ai une bonne ouïe quand même. Pour ça j’avoue que les moyens de communications étaient plus pratiques sur Raizen World ! Quoique… Non, en y réfléchissant bien ce n’était pas spécialement mieux ! Parfois les abréger et le langage sms devenaient complètement incohérent dans le jeu ! Finalement, l’expression orale valait peut-être mieux… Mais quelle importance après tout ? Je me contentais donc de lui répondre :

« Pas tout à fait, j’avais l’intention d’aller manger dans un endroit un peu plus calme avant de rentrer chez moi. »

Je laissais un moment de silence planer avant de suggérer :

« Peut-être pourriez-vous m’accompagner ? »

Evidemment, ce n’était pas innocemment et j’espérais sincèrement qu’elle accepterait de se joindre à moi. Ne serait-ce que pour me dédommager du temps qu’elle m’avait fait perdre et que j’allais perdre pour ce fichu dossier. Enfin ! Au moins j’aurai de quoi m’occuper… Mais une chose est sûre et certaine : impossible de travailler le ventre vide !

« Excusez-moi vous trouver peut-être mon invitation incongrue… Après tout il est vrai que nous ne nous connaissons pas, c’est simplement qu’il ne m’aurait pas déplu d’avoir un peu de compagnie. Mais n’allez pas vous imaginer que je vous fais des avances non plus ! Haha ! »

*J’aurai l’air bien si elle s’imagine que je la drague… M’enfin bon, tant qu’elle me suit, elle peut penser ce qu’elle veut puisque ce ne sera pas pour longtemps...*

Hm, c’était bien la première fois qu’on l’invitait quelque part. En plus l’invitation venait d’un étranger masculin. C’était assez risqué mais, en même temps, qu’est-ce qui ne l’était pas à ses yeux ? Elle passait sa vie cloitrée dans sa boutique et ne sortait quasiment que pour faire les courses. C’était en quelque sorte une opportunité qui ne se reproduirait sans doute jamais. Son alerte mentale était pourtant au maximum, pourquoi donc ? Elle avait un mauvais pressentiment, elle n’aurait su dire pourquoi. Parfois il fallait affronter ses démons, cela faisait partie de la vie. C’est vrai, ce n’était pas comme si il allait la manger ! Après, sans doute, si jamais elle acceptait, elle en rirait et deviendrait peut-être une personne à peu près normale? Mais est-ce qu’une simple sortie pouvait changer à jamais une personne ? Tout dépend sans doute de la sortie…

Lorsque le jeune homme lui déclara qu’il ne lui faisait pas des avances elle se mit à rire un peu. Elle n’avait
pas pensé un instant qu’il la draguait. Non, elle n’était pas le genre de fille qu’on draguait, elle semblait trop hors norme. Non pas qu’elle n’était pas jolie, elle avait sans doute cette chose en trop qui faisait que, quoiqu’elle fasse, elle n’était pas attirante. Peut-être était-ce simplement la distance qu’elle mettait assez souvent à cause de son amour pour Néo ? Oui, le fait qu’elle soit déjà prise sentimentalement devait se ressentir et c’était bien ainsi. Elle lui répondit donc en souriant :

" Oh non, je m’en doute bien vous seriez bien le premier ! De toute façon mon cœur est déjà pris. "

Mais, avant même de répondre à sa proposition, elle voulait tout d’abord savoir où le jeune homme comptait l’emmener manger. Oui, elle n’avait pas envie de marcher beaucoup. Ca l’ennuyait de marcher trop loin. Elle voulait pouvoir connaitre parfaitement la route pour rentrer chez elle. On n’est jamais trop prudent. Aussi elle lui demanda d’une voix un peu plus forte, histoire d’être sûre qu’il puisse bien comprendre sa question :

"Où comptez-vous aller manger ? "

Tout dépendait désormais de la réponse à cette simple question. Si c’était trop loin elle rentrerait chez elle… Et si c’était prêt elle se risquerait à aller diner avec un parfait étranger et affronterait ainsi ses peurs des autres et de l’extérieur. Elle se demandait bien à quoi pouvait ressembler un restaurant ou un de ces self où l’on mangeait des choses fortement caloriques. Il paraissait que c’était cool et qu’une bonne ambiance y régnait. Si l’ambiance était la même que celle de cet endroit, ça risquait de ne pas lui plaire du tout. Il y aurait trop de bruits, des personnes qui renverseraient, avec un peu de chance, leur nourriture sur sa tenue sans daigner s’excuser. Elle serait déçue et ne voudrait sans doute plus jamais faire d’autres sorties. Pourtant, des fois, il fallait même après une déception tenter une nouvelle fois une nouvelle expérience. Du moins c’est ce qu’on lui avait dit il y a un moment de cela.

*Plus qu’à savoir le restaurant et mes pas sauront où se rendre…*

Aylin regardait dans les yeux le jeune homme et lui demanda :

"Je ne me suis pas encore présentée, je m’appelle Aylin et vous ? "

Ma future victime semblait manquer de confiance en elle et sans doute par la même occasion se montrerait-elle moins confiante vis-à-vis de moi, un inconnu. Pourtant contre toute attente elle me demanda où est-ce que je comptais manger et se présenta même à moi sous le nom d’Aylin.
Je me courbais poliment comme il était de coutume dans ce pays qu’est le Japon et me présentais à mon tour :

« Enchanté, mademoiselle Aylin. Je m’appelle Neuro. »

Evidemment mon nom était loin d’avoir une consonance japonaise lui mais je l’aimais bien et refusais de me présenter sous un faux nom et si on venait à me faire remarquer que mon nom était étrange, je saurai aisément m’en sortir en prétendant qu’il s’agit d’un prénom occidental, ni plus ni moins.

Enfin, je pris le temps de lui dire où j’avais l’intention d’aller manger :

« Sinon, je comptais aller dans un petit restaurant chinois à deux pas d’ici. Peut-être connaissez-vous, le “Wu Long“ ? Leurs nouilles sautées sont délicieuses ! »

Ce n’était pas faux, j’avais déjà pris la peine de goûter quelques mets dans ce restaurant et dans d’autres ! Mais il n’y avait rien à faire, aucun plat, aucun aliment n’a la saveur de la chair humaine… Et pourtant, pour mon plus grand malheur, il faut que cela soit interdit ! Mais peu importe même si la loi l’interdit, cela ne m’empêchera pas de le faire, il suffit simplement que je reste discret et c’est dans l’assiette !

« Alors ? Aurai-je l’honneur de vous entendre dire que vous accepter mon offre ? » m’enquis-je en souriant aimablement.

*Dépêche-toi de dire “oui“ rouquine ! J’ai pas que ça à faire ! Et je crève la dalle moi !! D’autant que si elle refuse, je devrais trouver quelqu’un d’autre qui puisse me servir de déjeuner pourtant j’ai vraiment envie de chair féminine aujourd’hui…*

Au fond, je ne suis pas bien différent des humains qui ont parfois eux aussi des petites envies précises ! Combien de collègues n’ai-je pas entendu dire sur un coup de tête : « J’ai une envie d’onigiri… »
Pour moi c’est pareil, j’ai parfois envie de chaire jeune dans ce cas, c’est d’un enfant ou d’un adolescent qu’il me faudra, parfois de celle d’une femme… Enfin bon, je ne vais pas m’attarder sur mes goûts !

Le jeune homme s'appelait Neuro, c'était un prénom très particulier. Enfin, on ne choisissait pas toujours son prénom alors elle n'avait pas à le juger pour cela. Neuro donc, souhaitait l'emmener dans un restaurant chinois sans doute beaucoup moins fréquenté que le Bristol... Après tout, cela semblait bien. Aylin aimait bien manger chinois, bien que les chinois et les japonais ne soient jamais beaucoup entendu, sur la nourriture c'était au moins le cas. Aylin avait le coeur qui battait à cent à l'heure, c'était très difficile d'accepter une invitation d'un étranger, même lorsque l'on connaissait son nom. Pourquoi fallait-il que sa conscience lui hurle autant de ne pas y aller alors que ce n'était qu'une sortie comme les autres. Elle brava donc sa conscience et répondit d'une petite voix:

" Oui, j'accepte votre offre."

Elle l'avait fait, elle avait accepté! Plus moyen de revenir en arrière. Non, et elle ne le voulait plus. La rouquine était contente d'avoir battu sa conscience pour une fois. Elle avait fait d'énormes progrès rien qu'en lui répondant oui. Il ne s'en était sans doute pas rendu compte. Aylin ajouta, car il fallait bien rester poli, une petite révérence suivi de cette petite phrase:

" J'en serai ravie."

Aylin essaya de paraitre la plus calme possible. Après tout, un restaurant c'était agréable alors nul besoin de s'inquiéter plus que ça. C'était sans doute que la première fois c'est toujours éprouvant mais après ça ira mieux... Enfin, si elle se décidait encore à sortir après ce rendez-vous. On ne sait jamais comment finit un restaurant, du moins c'est ce que lui avait toujours dit sa mère. Les hommes sont très imprévisibles, paraissait-il mais, heureusement, il y en avait des biens. Elle croyait et espérait avoir raison que Neuro était un homme bien. La rouquine suivit donc Neuro, se chantonnant un petit air dans son esprit. La ville était belle de nuit, elle ne l'avait pas encore remarqué... Elle n'avançait pas franchement vite. En même temps si le restaurant n'était pas loin elle n'avait nul besoin de se presser.

Elle voyait déjà de bons petits plats qui sentaient si bons, des brochettes peut-être ou des nouilles. Une bonne sauce accompagnerait le tout ainsi qu'une boisson sucrée, ce qui changerait car elle ne buvait en général que de l'eau. Mais manger un peu plus que d'habitude ne lui déplaisait pas puisqu'ainsi elle tiendrait pendant un bon moment sans avoir à manger. Elle sentait que sa première sortie serait mémorable et qu'elle n'imaginait pas encore à quel point.

*Détend toi, tout se passera si bien que tu voudras sortir plus souvent après!*

L'estomac de la rouquine se mit à grogner, signe qu'il voulait bien manger. Aylin sourit d'un air gêné et répondit en riant très légèrement:

"Ca tombe bien, il semblerait que mon estomac ait envie de se nourrir."

C'était assez mal vu, en général, d'avoir l'estomac qui grogne. Mais, en même temps, elle n'y pouvait rien. C'était le genre de chose que l'on ne peut contrôler. Elle espérait que Neuro ne lui en tiendrait pas rigueur. Non, Neuro était un gentil monsieur, il serait donc concilient sur ce point là, n'est-ce pas?

*Jackpot ! Elle a accepté !*

Evidemment, je me retenais de hurler ma joie, il ne fallait pas que je gâche tout si près du but ! Je l’avais en confiance, il ne me restait plus qu’à l’attirer dans une sombre ruelle et ma faim se verrait enfin apaisée. Comme j’avais hâte ! Nous nous dirigeâmes lentement en direction du restaurant chinois que j’avais cité en prétendant m’y rendre.

Tandis que nous marchions, le ventre de la jeune femme se mit à gronder. Mi gênée mi amusée elle me dit que ça tombait bien que son estomac avait envie de se nourrir. Je ris doucement et lui donnait raison en pensant que bientôt, son ventre ne réclamerait plus quoi que ce soit. Oui, bientôt. Très bientôt…

« C’est par là ! » dis-je en désignant une petite rue par laquelle il fallait tourner.

Exactement le genre de rue à laquelle j’aspirais, petite et sombre mais plus important encore : déserte. Ce serait ennuyeux si je venais à me faire repérer surtout avec ce que j’avais entendu dire sur le coin des secrets, lieu où parait-il on conduit les IAI tel que moi et quelque chose me dit que ce n’est pas pour prendre des vacances qu’on les y emmène… En somme, je devais donc rester prudent, ce que j’avais respecté en l’emmenant ici, nous continuions de marcher jusqu’à ce que je m’arrête brusquement, affichant un sourire carnassier sur mon visage baissé.

D’un geste brusque, je plaquais la jeune femme – elle n’était plus Aylin, seulement mon repas et personne ne donne de nom au rôtis qu’il va entamer que je sache – contre le mur. Je respirais son odeur et plongeais mes yeux brillants dans les siens. Un mince filet de bave coula du coin de ma bouche entrouverte.

« Itadakimasu ! » lâchais-je avant de planter mes crocs dans son épaule.

Sa peau était tendre et bientôt, je sentis le goût de ce doux liquide chaud qui circulait dans ses veines. J’étais en extase, je prenais bien mon temps de déguster peut-être à mes risques et périls… Mais comment faire autrement ? Tandis que je me sustentais, j’en oubliais tout le reste alentour jusqu’à ce qu’un bruit me fasse sursauter. Je relevais la tête et lançais un regard circulaire dans la ruelle. Je ne tardais pas à repérer ce qui m’avait déranger : un chat qui me sifflait, les poils hérissé. Il est vrai qu’on dit que les animaux sont sensibles au mal et à l’étrange… Je m’approchais de l’animal et l’attrapais sans mal avant de le relâcher après lui avoir tordu le cou dans un “crac“ lugubre.

Je souris en observant sa dépouille, oubliant complètement mon repas…

*Mon repas !* me rappelais-je en me retournant en espérant que ma bouffe ne ce soit pas carapatée !

Aylin le suivit... Il indiqua la rue menant au restaurant... Elle était sombre, bon elle n'avait rien à craindre il était avec elle. Du moins c'est ce que la rouquine se dit jusqu'à ce qu'il se mette à agir vraiment étrangement. Il la plaqua tout d'abord contre le mur. Mais pourquoi faisait-il ça? Il y avait quelqu'un de dangereux? Cette pensée s'ôta de son esprit lorsqu'elle vit l'horrible visage de celui qui se tenait en face de lui. Neuro avait totalement changeait. Mais qu'est-ce qui lui arrivait? Il bavait et avait une expression terrifiante. Aylin était tellement terrifiée par ce visage qu'elle ouvrit grand la bouche pour hurler en vain... Aucun son ne sortait. Elle n'aurait jamais pu imaginer une situation aussi terrible. Ne pas savoir appeler à l'aide dans une situation aussi horrible. Elle sentait une douleur aigue dans son épaule! Il était en train de planter ses dents, non cette sensation... C'étaient des crocs! Il plantait ses crocs dans son épaule. La douleur la paralysa totalement. Elle ne pouvait bouger et sentait le sang sortir de son épaule et en même temps l'aspiration de Neuro.

Jamais, jamais elle n'avait voulu ça... Jamais, jamais... Ce mot restait dans son esprit, elle avait comme un blocage. Elle était incapable de réagir. Elle n'arrivait même pas à pleurer tant le choc émotionnel était dur. Elle avait l'impression que le temps s'était arrêté, la souffrance semblait interminable. Elle allait mourir, mourir pour avoir accepté d'être sorti au restaurant japonais avec un inconnu!

*Jamais... Jamais!*

Des larmes tombèrent de ses yeux, l'émotion avait atteint son plein, elle commençait à prendre conscience de ce qu'il se passait. Neuro la dévorerait et n'aurait sans doute pas l'idée de cesser cela. Comment un humain pouvait-il avoir soif de chair humaine? Elle avait bien entendu parler des cannibales à une époque mais ce n'était pas au Japon! Cet homme était fou, il fallait l'enfermer... Mais jamais il ne le serait, il la tuerait. Elle restera silencieuse et n'aura jamais pu dénoncer cela... Elle sera morte pour rien, stupidement. Pas même capable de cirer à l'aide ou même d'essayer de faire un bruit d'un moyen ou d'un autre. Sa tenue était fichue, sa vie était fichue...

C'est alors qu'un chat, seul sauveur, venait de défier le monstre. C'est alors qu'il s'arrêta. Aylin tomba sur le sol, faible... Elle était épuisée, sa force n'était plus très grande, elle avait perdu pas mal de sang et le choc émotionnel n'aidait pas à lui rendre des forces. Mais il lui fallait partir. Il s'approchait du chat. Il fallait qu'elle parte et rapidement! Mais elle se sentait si lourde. Mais lorsque la pensée que sa vie était en jeu, elle fit l'ultime effort de se précipiter en dehors de la rue, toujours en silence. Elle entendit un bruit sourd, il devait avoir mis fin à la vie de ce pauvre chat.

* Merci.*

Ce fut la pensée qu'elle eut pour l'animal qui venait de se sacrifier pour la sauver. Elle se promit intérieurement qu'elle s'achèterait un chat en sa mémoire. Elle marchait le plus rapidement qu'elle le pouvait, laissant derrière elle des traces de sang. Pourquoi fallait-il qu'en plus elle soit tracée de cette manière? Elle était déjà suffisamment lente, elle n'avait aucune chance, non aucune de s'en sortir. Pourtant elle avançait, haletant lorsqu'elle heurta quelque chose ou quelqu'un. Elle se mit instinctivement en position de protection, tremblant comme une feuille et murmura:

" Pitié..."

"Waiiieuh !" fit tout d'abord Haruka, qui venait de se prendre Aylin de plein fouet alors qu'elle se promenait tranquillement dans la rue.

Elle cligna des yeux, pour se remettre du choc. Elle les baissa ensuite sur la personne qui lui était rentrée dedans sans crier gare. Il s'agissait de la vendeuse de tissus, une personne aimable qu'elle avait rencontrée un peu plus tôt. Et qu'elle avait de nouveau vue chez ce drôle de type, Olemi. Décidément, elle semblait destinée à la croiser fréquemment !
Sauf que, cette fois, quelque chose n'allait pas. Des larmes roulaient sur ses joues, et sa robe était toute tachée de sang, qu'elle perdait en abondance par l'épaule. Ca devait faire mal... Et visiblement, elle fuyait quelque chose. Etait-ce ce qui lui avait fait ça ? Cette blessure ne ressemblait à aucune arme, sauf si on lui avait plantés deux stylos bien parallèles dans l'épaule.
Oh, là, là... Ca ne sentait pas bon, cette affaire. Et pas seulement car Haruka n'aimait pas l'odeur du sang.

Comme Haruka se promenait dans l'obscurité depuis un moment, ses yeux repérèrent la personne dans l'ombre de la rue. Il souriait sinistrement devant un pauvre chat mort. Haruka n'avait pas besoin qu'on lui fasse un dessin. Quel sale type ! Tuer un pauvre chat sans défense ! C'était peut être ce type qui avait... attaqué... la vendeuse. Si on en croyait les traces de sang, Aylin venait de cette rue. Et le type ne semblait pas vouloir l'aider. Il semblait un peu trop au courant de la situation.
Un tueur psychopathe lâché en ville ? Avec les autorités qui couraient les rues, cela surprit Haruka. Mais pourquoi pas, après tout. La jeune fille regardait parfois les infos, et il y'avait toujours des choses sinistres à raconter.

Tout cela n'avait pris qu'une fraction de seconde en son esprit aiguisé comme un sabre japonais, un vrai de vrai, forgé par les ancêtres.

"Aylin... vous allez bien ? " Question idiote. Evidemment qu'elle allait mal. Elle pissait le sang par l'épaule. Encore heureux qu'aucune grosse artère ne soit touchée.

"C'est ce type, là bas, qui vous a fait ça ?" Ca ne faisait pour elle aucun doute, mais mieux valait le confirmer.

En attendant, il fallait agir. Elle portait ce soir-là la belle veste noir que la vendeuse lui avait offerte. Ca allait lui faire mal au coeur, mais tant pis. Elle tira de toutes ses forces sur la manche. Et tira encore. Le tissu était vraiment de bonne qualité.
"Rggnnn ! Tu vas craquer !"
Comme si la veste l'avait entendue, la manche se détacha enfin dans un horrible bruit d'arrachement. Haruka en fit un bandage. Enfin, bandage, c'était un bien grand mot : Cela ne ressemblait à rien. Mais au moins, le sang ne jouait plus à la fontaine depuis l'épaule de la jeune femme mal en point. Pauvre, pauvre, veste noire... Enfin, mieux valait ça qu'Aylin. Après tout, elle saurait sans doute, moyennant finance, la lui réparer.

"Désolé d'avoir abîmé votre cadeau..." fit-elle à Aylin. Elle vit alors du coin de l'oeil un mouvement qui émanait du fond de la ruelle.

*Oh, non, le psychopathe a fini son trip sur le chat...*

Elle plongea la main dans sa poche de ceinture, sur un objet en métal qu'elle n'utilisait que très rarement, dans les cas d'urgence les plus extrêmes. Un objet en métal, qu'elle avait fabriqué elle-même. Un objet qui, quand on était face à ce genre de type, avait de quoi rassurer un peu.
Par réflexe, elle mit un pied en arrière, prête à prendre la fuite s'il le fallait. Grandir dans Tokyo donnait certains réflexes, qu'on le veuille ou non. Mais elle doutait qu'Aylin supporte de courir, dans son état. La pauvre, elle n'avait pas eu de chance de tomber sur un tel malade.

"Ca va aller..." lui dit-elle doucement. Mais était-ce plus pour elle-même, pour se rassurer ?

Je m’étais montré négligeant, j’aurai mieux fait de commencer par lui couper les jambes, ainsi elle n’aurait pas essayer de filer, mais voilà que les choses se compliquaient car désormais, il y’a avait un témoin. Je secouais la tête. Voilà ce qui arrivait quand on se montrait trop impatient ! Maintenant qu’allais-je faire ? Je n’avais pas suffisamment d’appétit pour les engloutir toutes les deux. Tuer l’intruse ? Mais que faire de son corps ensuite ? Le jeter ? Le cacher ? Dans tous les cas, cela venait à gaspiller hors j’avais horreur du gaspillage de nourriture. Hm… Voilà qui était bien embarrassant… Et si je la laissais filer, elle irait certainement tout rapporter aux autorités et il était hors de question que cela se produise.

*Raah ! Je savais que j’aurai du investir pour un réfrigérateur !* Songeais-je.

Au moins, j’aurai pu la tuer et la conserver au frais pour ensuite la manger le lendemain ! Même si elle n’aurait pas eu autant de saveur… Au moins, ça m’aurait évité d’avoir à chasser et à gaspiller.

« Ca va aller. » L’entendis-je dire.

« Non ça ne va pas aller ! » lâchais-je sur un ton menaçant en m’approchant, bien déterminé à ne pas la laisser s’enfuir et encore moins avec mon repas…

Je ne pressais pas mon pas, je voyais bien qu’elles étaient terrorisées, tremblantes et l’une blessée et traumatisée pouvant à peine se mouvoir. Malgré tous leurs efforts, elles n’iraient pas bien loin car elles ne pouvaient aller bien loin dans leur état. J’étais donc sûr de moi, peut-être trop… Ce qui me faisait manquer de vigilance, car je ne prêtais pas la moindre attention à la secoureuse qui avait mis sa main dans sa poche. Hors, j’aurai peut-être du. Mais j’avais faim, j’étais affamé : je n’avais pas mangé de la journée et voilà que mon repas était interrompu. Si ce chat n’avait pas été là ! Et si j’avais pris la peine de lui arracher les jambes ! Je n’en serais pas là ! Mais avec des “si“ on referait le monde !

« Plus vous me résisterez, plus vous souffrirez. Laissez-vous faire, ce sera plus simple pour tout le monde… » Dis-je en m’approchant à mon aise, j’avais dis cela d’un ton doux mais qui n’en restait pas moins menaçant.

Voilà, je n’étais plus qu’à quelques pas d’elles, un ou deux pour être exact. Je tendis la main.

« Rend la moi et je t’éliminerai sans souffrance… » Ordonnais-je d’une voix dangereusement douce, le sourire aux lèvres, le regard plongé dans ceux de la jeune secoureuse.

« Laissez la partir je vous en prie ! »

Je ricanais. Combien de fois n’avais-je pas entendu ce genre de supplications ?

« Je vous en prie, j’ai une femme et des enfants ! » ou « Pitié, ayez pitié ! »
D’ailleurs, la deuxième phrase me fait bien rire. Pourquoi aurai-je pitié ? A quoi bon avoir pitié ? Quand vous humains, emmenez les animaux à l’abattoir, est-ce que vous éprouvez ne serait-ce qu’une once de pitié pour ses bêtes dont on trouvera leur viande en masse au supermarché ou à la boucherie alors que la plupart périmeront et seront jetées ? Je ne défends pas les animaux bien sûr, je compare simplement.

La jeune femme avait décidé de me résister, elle sortit un pistolet loufoque de sa poche, un pistolet atypique que je pris d’abord pour un de ces jouets que l’on trouve dans les magasins de farces et attrapes à cause de son aspect mais aussi de ses couleurs criardes pour un revolver. Je fronçais un sourcil avant de la voir appuyer sur la gâchette. Je me pris deux violentes décharges qui me propulsèrent presque à l’autre bout de la ruelle. Puis, plus rien, le trou noir…



Je fus saisi par le froid et une sensation de dureté. J’ouvris lentement les yeux, les refermais, les rouvris. Je remarquais que j’étais dans la rue. Je me redressais, posais ma main sur mon front. Que c’était-il passé ? Qu’est-ce que je faisais ici ? J’avais mal partout et mon esprit était complètement brouillé.
Je m’avançais pour quitter cet endroit.

*Quelle heure est-il ?* m’interrogeais-je lorsque je vis sur le sol mon dossier.

Je me baissais pour le ramasser, heureusement, il n’avait rien... Petit à petit la mémoire me revint : mon collègue, le bristol, Aylin... Aylin... Elle s’était enfuie ! Depuis combien de temps ? Je serrais ma tête entre ma main, tenant mon dossier de l’autre. Elle s’était enfuie et avait un témoin, si elles alertaient les autorités… Ils pourraient dresser mon profil à partir de leurs deux témoignages… Quoique, je ne pense pas que l’autre ait eu le temps de bien me voir, il faisait assez sombre dans la ruelle mais je n’étais pas rassuré pour autant. Quand je laissais des restes de mon repas derrière moi, j’étais au moins persuadé qu’ils ne diraient rien à la police mais ici, je les avais laissé filée vivante et je ne savais pas où elles avaient bien pu aller !

« Raah ma tête !... »

J’entendis mon portable sonné dans ma poche, je décrochais :

- Moshi moshi ?
- Bah alors, t’es en retard ! Ça ne te ressemble pas t’es malade ?
- …
- Moshi moshi ? Neuro-san ? T’es en ligne ?
- Oui, oui, je suis là. C’est juste que je ne me sens pas très bien… Préviens le patron que je prends congé aujourd’hui.
- Ok. Soigne-toi bien ! Si t'as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas! Au fait pour les doss…

"Clap"

Je ne le laissais pas finir que je raccrochais.

« Kso ! » marmonnais-je entre mes dents avant de quitter la ruelle, mes vêtements tachés de sang.

En plein jour, c’était imprudent ! Mais il fallait bien que je rentre chez moi… Vite, je hâtais le pas, complètement plongé dans mes pensées.

*Je ne peux rien faire dans l’immédiat mais une chose est sûre : je ne peux pas les laisser en vie. J’entamerais mes recherches dès que possible, oui, je vais faire ça…*

[Pour moi le sujet est terminé ^^]

[pour moi aussi]