Petite sieste (PV: Aylin)[clos]

Xiao-Lan pencha la tête sur le coté, étonné que sa maman s’accroupisse. Puis elle rouvrit les boutons et les ferma bien en lui expliquant comment faire pour ne plus se tromper. Le petit écouta avec attention les conseils de sa maman.

" D’accord ! " dit-il en hochant vivement la tête, le sourire aux lèvres.

Puis Aylin se redressa et tourna autour de la petite IAI avant de déclarer qu’en effet il était beau comme un cœur ainsi vêtu. Les joues du petit garçon s’empourprèrent légèrement et il se mit à sautiller de plaisir avant de se jeter dans les bras de sa maman adorée et de lui faire un gros câlin !

La jeune femme invita Xiao-Lan a retiré ses vêtements et à en essayer d’autres. Ce à quoi le petit acquiesça avant de retourner dans la cabine d’essayage. Ainsi, il essaya plusieurs vêtements et alla chaque fois montrer fièrement à sa maman comment ils lui allaient. Une fois la séance d’essayage terminée, Xiao-Lan proposa à Aylin de l’aider à porter les articles.
En fait, il ne lui laissa pas l’occasion de refuser car déjà il s’en saisit de quelques uns qu’il porta fièrement à bout de bras. Le garçonnet sautilla joyeusement jusqu’à la caisse où il attendit que ce soit leur tour en s’efforçant d’être patient.

Enfin ce fut leur tour et Aylin paya les articles que le petit aida à ranger dans le chariot qu’ils avaient emporter et qu’il avait aidé à tirer à un moment. Quand ils sortirent du magasin, le petit se remit à sautiller et demanda avec entrain :

" On va où ? On va où ? "

Décidément Xiao-Lan ne fatiguait pas ! En même temps, c’était sa première sortie avec sa maman alors il était normal qu’il soit excité comme une puce !

Bien, désormais il avait quelques tenues de rechange. Aylin pensait qu'au final il ne serait peut-être pas nécessaire d'aller dans l'autre magasin. Son petit Xiao avait de quoi faire. On verrait donc d'ici les prochains jours au pire, s'il se sentait sans vêtement. Il fallait désormais passer à la seconde étape et la plus pénible de toute: le supermarché. C'était horrible mais il le fallait, malheureusement. Aylin soupira, ce qui contrastait avec l'entrain de Xiao-Lan:

"Maintenant il nous faut aller acheter à manger. Je n'ai rien dans le frigo."

Aylin montra où se situait le magasin et s'y dirigea doucement. Elle prit tout de suite la précaution de la prévenir:

"Il va y avoir beaucoup de monde dans le magasin, je voudrais donc que tu me tiennes la main tant qu'on sera à l'intérieur. Je ne voudrais pas te perdre, tu comprends?"

Sur quoi elle lui tendit gentiment sa main libre. La vendeuse de tissu se demandait bien ce que le petite pouvait aimer manger... Elle essayait de se rappelait ce qu'elle avait aimé elle quand elle avait son âge mais en fait elle n'aimait pas grand chose. Aylin avait toujours plus ou moins fait la grève de la faim et y avait été encouragée par ses parents. Bon, elle serait peut-être fixée en regardant les articles. Les portes automatiques s'ouvrirent lorsqu'Aylin et Xiao-Lan s'approchèrent. Bon, il n'y avait plus qu'à entrer véritablement dans le magasin.

Aylin tenait bien la main de son petit et franchissait les petites portes en plastiques de l'entrée dans le supermarché. Bien, le rayon nourriture était un peu plus loin à gauche. Elle n'avait plus qu'à s'y diriger. Mieux valait éviter de rester près des jouets, cd ou autres produits de consommation complètement inutiles et coûteux.

*On est ici pour la nourriture, rien d'autre.*

C'est pour ça qu'elle détestait aussi les magasins, ici on poussait indirectement à la consommation en perdant le client, en le forçant à se balader.

*Maudits magasins.*

Enfin ils arrivèrent tout d'abord au rayon des desserts. Je demandais alors à Xiao-Lan:

"Tu veux regarder les desserts et me dire si tu vois quelque chose qui te plait, s'il te plait?"

" Oui à manger ! A manger ! " s’extasia le petit bout.

C’est qu’il ne mangeait pas toujours à sa faim ni non plus selon ses désirs mais il n’était pas trop difficile. D’ailleurs, a-t-on vraiment le droit de faire le difficile quand on a vraiment faim ? Pas vraiment, non. Sa maman lui montra le magasin et avança lentement, Xiao-Lan avait du mal à suivre son rythme trop calme pour lui qui était si agité ! Mais il fit un effort pour ne pas s’éloigner et se contenta de faire parfois des petits bonds sur place pour ne pas devancer Aylin.

Quand ils furent un peu plus proche du magasin, Aylin lui expliqua qu’il y’aurait beaucoup de monde et qu’elle voulait qu’il lui tienne la main pour ne pas se perdre. Cela dit, elle lui tendit gentiment une main dont Xiao se saisit tout content. Si certains enfants ne supportait pas de donner la main, cela n’allait pas pour déplaire Xiao-Lan, bien au contraire, il était même très content qu’on le prenne par la main.

En effet, quand ils entrèrent dans le magasin, ils y virent énormément de monde ! Mais cela ne surpris pas le petit Xiao-Lan pour qui la foule dans les grands magasins et centre commerciaux n’avait rien d’inconnu. Même qu’il aimait bien faire des blagues dans ces endroits surpeuplés ! Sauf qu’aujourd’hui, il n’allait pas en faire parce qu’il était avec sa maman et qu’il devait lui tenir la main. Heureusement pour elle, cela lui éviterait ainsi quelques soucis dont elle n’avait certainement pas besoin pour le moment !

Aylin l’attira directement aux rayons desserts et l’invita à choisir ce qui lui plairait.

" Ce qui plaît à Xiao-Lan ? " répéta le petit.

Le petit lança un regard furtif au rayon. Il ne connaissait rien de ce qu’il y’avait là et si sa maman ne lui avait pas dit qu’ils étaient venus pour acheter de quoi manger, il n’aurait sans doute même pas su que c’était comestible !

" Xiao-Lan sait pas ce qui lui plait… " finit-il par dire après un moment. Il continua de regarder et finalement décida de choisir au hasard, juste pour ne pas décevoir sa maman : " Ca ? " dit-il en désignant le dessert en question du bout de l’index.

Une personne passa à tout hasard à côté d’eux et la petite IAI repéra des bentos dans son panier. Le petit lâcha la main de sa maman et prit un des bentos du panier de l’inconnu qui resta stupéfait d’abord avant de se plaindre mais le petit était déjà retourné près de sa maman qui ne se trouvait pas bien loin et il lui montra fièrement ce qu’il aimait bien qu’il ignorait comment cela s’appelait.

" Xiao-Lan il aime bien ça ! "

En attendant, l’homme s’était approché et voulait récupérer son bento.

- Vous feriez bien d’apprendre les bonnes manières à ce petit ! Puis il dévisagea Xiao-Lan et devint livide. Une IAI ?!

Le petit pencha la tête sur le côté en se demandant pourquoi le monsieur était si soudainement devenu aussi blanc que du lait… L’homme leur abandonna son bento et s’en alla en composant un numéro sur son téléphone portable. Cela annonçait-il des ennuis ? En tout cas, ce n’est pas ce qui inquiétait vraiment Xiao-Lan :

" Pourquoi il est devenu tout blanc le monsieur ? Il est malade ? " s’enquit-il auprès de sa maman.

Xiao-Lan ne savait pas plus qu’elle ce qu’il aimait manger et elle l’envisageait bien. Tant pis, au pire il essaierait et on verrait par la suite, ce ne serait pas bien grave et il découvrirait des saveurs.

"Ne t’en fait pas, on va prendre des choses et on verra bien."

Alors qu’elle allait lui dire de la suivre vers le prochain rayon, ayant pris plusieurs sortes de desserts, la vendeuse vit Xiao-Lan faire l’erreur la plus grande et dangereuse qui soit, impuissante. Aylin n’y avait pas pensé… Xiao n’avait pas encore ses gants ni son bonnet. Elle se traita mentalement d’idiote. Et Xiao-Lan qui se faisait remarqué… La vendeuse de tissus ne savait pas ce qu’il y avait de mieux à faire continuer et attendre que la brigade du maire débarque ou fuir rapidement en espérant de tout cœur qu’on ne les suivra pas? La rouquine ne pensa pas plus, prit sa charrette et prit Xiao-Lan dans son bras et courra en lui répondant:

"Il est devenu pâle parce qu’il a peur de toi et qu’ici il faut dénoncer ceux qui viennent de Raizen World…"

Elle courrait le plus vite possible, passant la porte du magasin et fonçait comme si sa vie était en jeux vers sa boutique. Il semblait que personne ne l’avait suivis, ouf… Aylin reposa alors son petit par terre, ouvrit la porte et l’invita à entrer après quoi elle mit l’enseigne fermé et ferma tous les rideaux et la porte à clé. Elle tremblait, il faut dire qu’elle n’avait jamais eu aussi peur de sa vie. Aylin regarda Xiao-Lan et lui passa la main dans les cheveux:

"Il ne faut pas prendre les affaires qu’il y a dans les chariots des autres. Il ne faut prendre que ce qu’il y a dans les rayons et en cas de doute mieux vaut me demander."

Aylin aurait du lui dire tout cela, il ne savait pas ça le pauvre… Elle ajouta:

"Mieux vaut ne plus sortir aujourd’hui, ce serait trop dangereux pour nous."

Heureusement qu’elle ne sortait pas beaucoup et qu’elle n’avait croisé aucun client. Personne ne saurait clairement l’identifier. Aylin n’était pas la seule rousse de la ville donc… Cela devrait aller s’ils restaient un peu à l’intérieur un moment. Elle le serra dans ses bras, jamais elle n’avait eu aussi peur:

"Ce monsieur a téléphoné sans doute aux autorités pour qu’ils t’enferment. Mais tant qu’on restera ici, ça devrait aller. Je vais te faire un bonnet et des gants pour qu’on ne t’embête plus."

La rouquine s’en voulait, elle aurait du commencer par ça en premier. Maintenant il y avait des risques pour Xiao-Lan d’être recherché. Si seulement elle avait fait plus attention, rien ne se serait produit. Son visage était assez triste. Cette tristesse venait de sa culpabilité et fut renforcé en pensant qu’elle n’avait du coup toujours presque rien dans le frigo pour la nourriture. Certes, ils avaient quand même des vêtements et des draps mais ça ne les nourrirait pas.

Aylin se dirigea doucement vers l’arrière boutique pour chercher des tissus qu’elle pourrait utiliser pour lui faire son bonnet et ses gants.

*Je suis une mauvaise mère, je l’ai mis en danger. Je suis sensée penser pour deux et moi, crédule comme tout je l’emmène dans l’endroit le plus fréquenté de la ville!*

Vous pensiez que je vous avais oublié?

Raizen World a effectué 1 lancé(s) d'un :

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Hé bien c'est dommage pour vous car je vais intervenir... Tenez vous prêts...

*Attends le bon moment...*

Sa maman eût une réaction qui l’étonna : elle était devenue presque aussi blanche que le monsieur ! Bizarre… Elle le prit soudainement dans ses bras, Xiao-Lan lâcha un petit “oh“ de surprise tandis qu’elle se mettait à courir à vive allure. En même temps qu’elle courait, elle lui expliqua que le monsieur était devenu pâle parce qu’il avait peur de lui.

" Peur de Xiao-Lan ? " s’étonna le petit.

Elle ajouta même qu’il fallait dénoncer ceux qui venaient de Raizen World.

" Aah ? "

En tout cas sa maman courait drôlement vite !

*Mais pas plus vite que Xiao-Lan* songea le petit.

La seule qui était parvenue à être plus rapide que Xiao-Lan, c’était Mina la sorcière ! D’ailleurs, le petit s’en souvenait… En même temps, il ne risquait pas de l’oublier de si tôt avec le mal qu’elle lui avait fait!
Quand ils furent rentrés à la maison, Aylin verrouilla la porte et ferma les rideaux après avoir poser Xiao-Lan qui l’observait perplexe. Sa maman vint près de lui et passa sa main dans les cheveux bleus de Xiao-Lan qui remarqua qu’elle tremblait. Elle lui expliqua qu’il ne fallait pas prendre les affaires qu’il y’avait dans les chariots des autres et qu’il aurait fallut demander.

Puis elle ajouta qu’il valait mieux ne plus sortir pour aujourd’hui, ce qui attrista un peu le petit démon qui était si content de sa sortie ! Dangereux ? Xiao-Lan n’avait pas vraiment la notion du danger.
Aylin lui expliqua que ce monsieur qui était devenu tout blanc avait du téléphoner aux autorités pour qu’on l’enferme. L’enfermer ? Mais pourquoi ça ? Aylin le serrait dans ses bras tandis qu’une multitude de questions se posaient dans la tête de la petite IAI.
Sa maman déclara qu’elle allait lui faire des gants et un bonnet avant de se diriger vers l’arrière boutique.

Le petit qui tenait toujours la boite de bento dans ses mains la suivit et l’observa un moment avant d’enfin libérer toutes les questions qui lui trottaient dans la tête :

" Diis maman… Pourquoi le monsieur il a eu peur de Xiao-Lan ? Et pourquoi il veut dénoncer Xiao-Lan pour qu’on l’enferme ? Et pourquoi on veut l’enfermer, d’abord ? Les autorités c’est les gens qui portent tous les même vêtements ? C'est eux qui veulent enfermer Xiao-Lan ? Pourtant Xiao-Lan croyait qu’ils voulaient juste jouer et que le jeu c’était de pas se faire attraper !"

Puis s’ils avaient attrapé Xiao-Lan, le petit pensait qu’il fallait juste inverser les rôles et que ce serait à son tour d’essayer d’attraper les personnes en uniforme.

" Si on enferme Xiao-Lan, ça veut dire qu’il verra plus maman ? "

Aylin remarqua seulement maintenant qu’au moins il n’allait pas mourir de faim… Il avait gardé le bento, bon de toute façon elle n’allait pas le ramener. Il resterait donc ici et ce sera le repas du soir de son enfant. Au moins c’était un problème de moins sur la carte, se dit Aylin. Son petit semblait être perturbé, il faut dire que tout s’était passé si vite. Elle comptait bien répondre à toutes ses questions de son mieux. Cependant elles s’enchainèrent rapidement, la nouvelle maman essaya de toutes les garder en tête puis tenta d’y répondre:

"Le monsieur a eu peur car il y a des affiches qui disent que les IAI sont méchantes et vont nous tuer. Il voulait donc te dénoncer pensant protéger les humains de ce danger."

La question d’enfermement était bien plus délicate à expliquer. Elle-même ne savait pas trop où mènerait tout ça et pourtant il fallait bien penser comme le faisait le dirigeant de cette ville… Elle allait lui expliquer simplement et le plus gentiment possible bien que la vérité soit très dure:

"Ceux qui veulent Xiao-Lan ce sont les autorités qui pensent protéger les gens de la ville en empêchant que des méchantes IAI fassent du mal aux gens. Ils les enferment parce qu’ils croient que ça les empêchera de faire du mal. Ce n’est pas un jeu pour eux."

Il fallait tout de même ajouter une précision:

"Mais ils n’ont pas dis qu’il y avait des IAI comme toi tout à fait gentille. Alors le monsieur ne pouvait pas savoir l’erreur qu’il faisait."

La dernière question que Xiao-Lan lui posa lui donna les larmes aux yeux. Rien que d’y penser c’était vraiment trop triste… Trop injuste.

*Allez, répond lui, il attend une réponse.*

Aylin le regarda et répondit tristement, pensant que si jamais cela arrivait elle ne s’en remettrait sans doute jamais:

"Non, si tu étais enfermé jamais plus tu ne me verrais."

Toute leur petite vie qui était en train de se construire serait réduite à Néant… Pour une fois que quelque chose de bien lui était tombé dessus, Aylin ne pouvait concevoir qu’on lui arrache ce bonheur. C’était le sien et elle avait envie d’être égoïste pour une fois. Elle ne voulait pas le partager. Xiao-Lan avait tant besoin de l’affection d’une maman et elle avait tant besoin d’un petit garçon avec qui elle découvrirait petit à petit la vie qu’elle fuyait depuis toujours.

Elle avait tant besoin de donner de l’affection, d’en recevoir et de simplement créer des liens. Et pour cela Xiao-Lan était vraiment important. Maintenant dans son esprit c’était déjà gravé: il était son petit à elle, son enfant. Et jamais une mère ne se laisser arracher son enfant. Jamais elle ne laisserait qui que ce soit les séparer.

*Non… Jamais…*

Sa maman s’appliqua à répondre à ses questions en toute honnêteté, ce qui éclaira pas mal de point dans l’esprit un peu confus du petit triton. Alors c’est pour ça qu’ils voulaient l’attraper ? Parce qu’ils pensaient qu’il était méchant et qu’ils avaient peur qu’il fasse du mal aux gens ?

" Maiis et si Xiao-Lan leur dit qu’il est gentil, ils voudront plus l’enfermer ? " demanda-t-il.

Le petit était un inquiet et triste à l’idée qu’on le sépare de sa maman. Il s’approcha d’elle et se blottit dans ses bras. Ses petits doigts crispés sur le vêtement de sa maman.

" Xiao-Lan veut pas être enfermé, il veut pas être séparé de maman… "

Puis il leva ses yeux larmoyants et fixa Aylin. C’était injuste. Pourquoi devrait-il être enfermé alors qu’il était gentil, lui ? C’était Mina la sorcière qui devait être enfermé pas lui ! Elle, elle était vraiment méchante ! La preuve : elle lui avait fait mal ! Lui il ne méritait pas ça ! Il méritait de rester près de sa maman et de manger des bonnes glaces ! Et de recevoir des câlins et des bisous quand il le souhaiterait ! Et de jouer et de faire des bulles !

Non, il ne se laisserait pas attraper et enfermer ! Il ne se laisserait pas faire ! Il secoua la tête et dit avec conviction à sa maman qui avait l’air aussi triste que lui :

" T’en fais pas Xiao-Lan est rapide alors ils l’attraperont jamais ! "

Oui, il était bel et bien décidé à ne pas se laisser faire et il avait bien l’intention de rassurer sa maman parce qu’il n’aimait pas de la voir triste comme ça, aussi s’efforça-t-il d’esquisser un beau sourire rassurant. Il était persuadé que rien ni personne ne les séparerait jamais.

Alala… Son petit bout de chou était si innocent. Elle-même l’avait été un moment donc elle le comprenait bien. Si seulement le monde était moins cruel, plus tolérant peut-être prendraient-ils la peine de discerner les bonnes des mauvaises IAI. Mais, hélas, ce n’était pas encore le cas. Les habitants étaient bien trop apeurés et Aylin était certaine que cette peur était souhaitée. Tout état aime garder ses citoyens bien dociles, apeurés afin de faire ce que bon leur chante. La vendeuse de tissus se contenta de passer la main dans les cheveux de Xiao-Lan et lui répondre tristement:

"Ils ne te croiront pas… Les habitants n’ont pas confiance."

Aylin laissa son petit la prendre dans ses bras et en fit autant pour le consoler. Ses yeux étaient si tristes. La rouquine le leva pour le porter dans ses bras et lui dit doucement:

"On fera attention comme ça on restera toujours ensemble."

Aylin ne comptait pas se faire enlever Xiao-Lan. Le monde était déjà trop sombre pour qu’en plus cet adorable enfant soit enfermé loin d’elle. Il avait le droit de goûter à une vie normale. Ce n’était pas parce qu’il était différent qu’il devait être considéré comme un monstre. C’était un enfant presque comme les autres. Il n’avait pas à finir en rat de laboratoire ou pire. Qui savait ce qu’il advenait des IAI… Si ça se trouvait on les tuait au bout d’un moment.

Son cœur se serra à cette pensée. Jamais elle ne permettrait un tel acte sur son enfant. Cela ne devait pas arriver, jamais. Aylin sourit lorsque Xiao-Lan lui sourit. Il était si gentil. Elle lui dit alors avec conviction:

"Aylin et Xiao-Lan ne pourront jamais être séparés."

Elle priait pour que ce soit vrai… Mais comme tout cela était vraiment triste il était temps de se changer les idées. Aylin proposa donc à Xiao-Lan quelque chose qui devrait l’intéresser:

"Et si on allait mettre tes draps? Comme ça tu verras comme ton lit sera beau avec!"[b]

Xiao-Lan était dans les bras de sa maman et il la serrait tendrement. C’était une sensation agréable que d’être dans les bras d’Aylin. Il s’y sentait invulnérable ! Non rien ni personne ne les séparerait jamais ! Il ferait tout pour empêcher que cela arrive, pour ne pas perdre à jamais cette sensation agréable d’être protégé dans les bras de sa maman.

Après un moment sa maman proposa d’aller mettre ses draps sur son lit afin que celui-ci soit tout beau. Le petit triton esquissa un large sourire et s’extirpa des bras d’Aylin pour se mettre à sautiller tout autour d’elle en tapant des mains.

" Oui ! Oui ! " répétait-il avec entrain.

Le garçonnet trottina jusqu’au chariot et en sorti les draps que sa maman lui avait offert et les serra tout contre lui. Comme il se rappelait de la chambre qu’il allait occupé et qu’Aylin lui avait montré avant qu’ils ne partent faire les magasins, Xiao décida d’ouvrir la marche.

Il avançait joyeusement sans cesser de sautiller jusqu’à ce qu’il atteignit la pièce en question. Il s’arrêta après avoir franchi la porte et tourna la tête vers sa maman. Il lui tendit les draps qu’il tenait précieusement jusque là et lui demanda ce qu’il fallait faire.

Parce que mettre des draps pour que le lit soit tout beau, oui, c’est bien joli mais Xiao ne savait pas du tout comment on s’y prenait ! Est-ce qu’il fallait juste les poser sur le lit ? Il décida de laisser faire sa maman qui s’y connaissait certainement beaucoup mieux que lui ! Mais Xiao ne voulait pas rester ignorant non plus, il voulait apprendre comme ça la prochaine fois – s’il y’en avait une - il pourrait le faire tout seul !

*Oui et maman sera fière de Xiao-Lan !* pensa-t-il joyeusement.

" Diis maman, tu apprendras à Xiao-Lan à faire tout comme toi? "

Le petit démon avait soif d'apprendre! Il aimait bien ce monde et en plus maintenant qu'il avait une maman, il avait encore plus envie d'apprendre pour qu'elle soit fière de lui et qu'il l'entende le féliciter! Parce que les mamans sont contentes quand leur petits apprennent à se débrouiller comme des grands, non ?

Sa maman ouvrit le sachet et en sorti les draps puis se dirigea vers le lit et secoua le matelas en lui expliquant que comme il n’avait pas servi depuis longtemps, il fallait faire ça pour enlever la poussière. Et en effet, la poussière vola…

" Atchoum ! "

Le petit renifla et rit doucement avant d’aller se poster près de sa maman dont il observait avec beaucoup d’attention les moindres faits et gestes. Tout en s’exécutant, Aylin expliquait au petit qui n’en perdait pas une miette le déroulement des opérations. Elle l’invita à effectuer la même chose avec les deux coins du drap qu’il restait à mettre correctement. Le petit s’y appliqua avec enthousiasme, tout fier de pouvoir répéter les mêmes gestes que sa maman.
Lorsque cela fut fait, il s’assura auprès de sa maman si c’était bien fait. Ce qu’Aylin lui confirma avant d’entreprendre la suite de la mission !
Xiao était tout content d’avoir bien réussi du premier coup ! Mais c’était parce que sa maman lui avait bien expliqué aussi, sinon, tout seul, il aurait pu chercher encore longtemps la façon dont on utilisait les draps !

Aylin lui expliquait désormais comment mettre la couette dans la housse, elle lui dit même qu’on pouvait entrer dans la housse avec la couette ! Ce que le petit démon ne tarda pas d’essayer en riant aux éclats tant il trouva ce petit jeu amusant ! Sauf qu’il ne parvint pas à trouver le bout pour y mettre la housse, c’est que c’était tellement grand ! Il finit par sortir et laissa sa maman qui était nettement plus douée que lui poursuivre l’opération. Il l’observa faire, le sourire aux lèvres.

Quand sa maman secoua la housse, le petit bonhomme ne put s’empêcher de se mettre en dessous. C’était rigolo ! Ca faisait comme du vent ! Xiao riait de bon cœur, tout à son petit bonheur. Quand Aylin posa la couette sur le lit et la mit bien droite, elle sortit les housses d’oreiller et expliqua au petit que c’était le même système que pour la couette avant de lui demander s’il souhaitait essayer, à quoi la petite IAI répondit sans attendre :

" Oui ! Ouii ! Xiao-Lan veut essayer ! "

Il sautillait tout content en prenant la taie d’oreiller et l’oreiller en question. Il le posa sur le bord du lit et s’appliqua à la tâche, se mordillant doucement la langue tandis qu’il se concentrait pour bien faire comme sa maman lui avait apprit. Il réussit à mettre l’oreiller sans trop de difficulté, le seul souci, c’est que ce n’était pas bien droit, alors il prit les deux bords de celui-ci et commença à secouer avec énergie comme sa maman l’avait fait avec la couverture.

" Voilààà ! " dit-il gaiement en posant l’oreiller sur le lit. " Xiao-Lan l’a bien fait ? " demanda-t-il en espérant que la réponse serait affirmative dans lequel des cas, il bondirait dans les bras de sa maman et la couvrirait de bisous !

Xiao-Lan était tout content lorsque sa maman lui dit qu’il avait fait ça aussi bien qu’elle ! Le petit ne put s’empêcher d’aller se blottir contre Aylin. Maintenant qu’il avait découvert le plaisir de se faire cajoler, toutes les occasions étaient bonnes !

Quand sa maman lui demanda s’il avait faim le petit acquiesça vivement et après avoir libérer Aylin de son étreinte, se mit à sautiller un peu partout :

" Ouii ! Manger ! Manger ! "

Xiao-Lan était heureux, heureux, heureux ! C’était certainement le plus beau jour de sa vie ! Il le garderait toujours en mémoire ! Ce jour où il avait trouvé sa maman à lui et rien qu’à lui ! Et ça, personne ne pourrait jamais le lui enlever ! C’était certain.

C’était chouette ! En plus, aujourd’hui, il ne devrait pas chercher longtemps après sa nourriture comme il le faisait d’habitude puisqu’il l’avait déjà ! C’est que ce n’était pas toujours amusant de dormir dehors et de devoir attendre que des gens passent pour leur chiper leur nourriture ! Et encore fallait-il qu’ils en aient ! Du coup, Xiao-Lan avait souvent faim et parfois ne mangeait pas quand il le voulait… Mais ce n’était pas grave selon lui car cela le rendait encore plus heureux quand il mangeait ! Mais aujourd’hui c’était différent, ce qu’il allait manger, c’était un cadeau de sa maman ! C’était encore mieux que d’habitude !

Comme il se souvenait de l’endroit où avait été déposé ce qu’il savait désormais s’appeler un bentô, le petit triton se mit à sautiller jusque là. Il se saisit de la petite boite repas, l’ouvrit en s’asseyant par terre et commença à manger avec les doigts. Il ignorait qu’il fallait se mettre à table et qu’en général on mangeait avec des baguettes ou des couverts. Tout cela, il ne l’avait pas encore appris comme beaucoup d’autres choses encore !

Le petit démon releva la tête pour voir sa maman à qui il esquissa un large sourire.

" C’est très bon ! dit-il. Maman veut aussi ? " proposa-t-il en lui tendant le bentô déjà entamé.

Il n’allait pas tout manger lui tout seul après tout sa maman aussi avait bien travaillé ! Elle avait mis le drap et la grande housse ! Alors que lui avait mis la petite housse d’oreiller (et en prenant plus de temps !), ce qui n’était pas aussi méritant ! D’ailleurs, le petit le lui fit remarquer. On pouvait entendre dans sa voix tout le respect qu’il avait pour sa maman qui était si douée et qui savait tant de choses qu’il tardait d’apprendre à la petite IAI.

Xiao-Lan allait vraiment de surprise en surprise ! Sa maman lui expliqua qu’il fallait manger avec des baguettes. Elle en prit et lui montra comment il fallait les tenir avant de lui montrer la façon dont ça s’utilisait. Le petit garçon l’observa avec beaucoup d’attention. C’était quand même bizarre ! Pourquoi est-ce qu’il fallait utiliser des baguettes ? La question sortie de la bouche du petit démon qui restait perplexe mais ne refusait pas d’apprendre à s’en servir. Il s’en saisit vivement lorsque sa gentille maman les lui tendit en lui demandant si il voulait essayer.

" Oui ! " avait-il précipitamment déclaré.

Ca avait pourtant l’air facile quand il avait vu sa maman faire et pourtant c’était plus compliqué qu’il n’y paraissait ! Le petit garçon dut demander plusieurs fois à Aylin de bien vouloir lui montrer comment faire pour bien les tenir. Ce fut long mais après plusieurs essais infructueux, Xiao-Lan y parvint enfin ! Sa petite main tremblotante tenait les baguettes qui allèrent prendre le riz (en piètre quantité certes mais il avait réussi à s’en saisir !) et le porta maladroitement à sa bouche. Il y’était presque arrivé quand le riz finit par tomber.
Ce coup là, c’en était trop. Le petit démon lâcha ses baguettes et se mit à pleurer. Il était fatigué, il avait faim et malgré les efforts qu’il fournissait pour faire comme sa maman et manger avec des baguettes, il n’y arrivait pas.

" Xiao-Lan y’arrive paas. " sanglota-t-il.

Puis tandis qu’il pleurait une pensée effrayante vint s’installer dans son esprit : s’il n’y parvenait pas est-ce que sa maman l’abandonnerait ? Elle serait peut-être déçue d’avoir un enfant qui n’était pas capable de bien manger et n’en voudrait peut-être pas ? Xiao-Lan blêmit puis alla se blottir contre sa maman.

" Maman tu vas pas abandonner Xiao-Lan parce qu’il y’arrive pas hein ? Tu resteras toujours la maman de Xiao-Lan hein ? "

Il leva la tête et posa ses grands yeux brouillés de larmes dans ceux de sa maman. Redoutant sa réponse. Il avait si peur de l’entendre dire oui et de se faire rejeter une fois de plus.

" Hein maman ? " répéta-t-il d’une toute petite voix.

Les yeux larmoyants, le petit soutint le regard que sa maman posait sur lui tout en lui expliquant que ce n’était pas grave s’il n’y arrivait pas du premier coup et qu’elle ne l’abandonnerait jamais quoiqu’il arrive. Ces propos rassurèrent le petit démon qui serra un peu plus sa maman qui en fit autant. Elle ajouta encore qu’elle serait toujours sa maman et qu’il n’avait pas à s’en faire. Soulagé, le petit sécha ses grosses larmes de crocodiles du revers de la manche quand sa maman le reposa par terre.

Il la regarda se diriger vers un tiroir et prendre deux objets qu’il n’avait encore jamais vus. Il apprit qu’il s’agissait d’une fourchette et d’une cuillère et que cela servait aussi à manger. Xiao esquissa une petite moue inquiète, il avait peur d’échouer à nouveau mais il fut agréablement surprit de voir qu’il était plus facile de manger avec une cuillère plutôt qu’avec des baguettes !

Le petit avait recommencé à manger avec appétit, mangeant rapidement tant il avait faim. Sa maman lui conseilla de prendre son temps, en ajoutant que ce n’était pas une course. Xiao acquiesça doucement d’un signe de tête et mangea un peu plus lentement. Lorsqu’il eut finit, il avait encore un peu faim mais ne le fit pas remarqué parce qu’il savait qu’il n’y avait de toute façon rien d’autre et qu’il ne voulait pas embêter sa maman pour ça et puis il avait soif aussi mais surtout il était fatigué, très fatigué.
Le petit bailla et se frotta l’œil, il commençait à avoir du mal à rester éveillé :

" Xiao-Lan va faire dodo… " dit-il d’une petite voix ensommeillée.

Il se leva et se roula en boule dans un petit coin de la pièce où il s’endormit presque instantanément. Certes, il avait une chambre à présent et un lit avec de nouveaux draps tout beaux et tout propres et pourtant, il allait dormir là par terre, roulé en boule pourquoi ? Parce que tout simplement, il ignorait que son lit servait à dormir dedans, il avait passé tant de temps à dormir dehors dans la rue et plus précisément dans un petit coin dans une plaine de jeux où il avait trouvé refuge qu’il ignorait qu’on dormait dans un lit. Certes à Raizen World, il y’avait bien des auberges mais la petite IAI n’y avait jamais mis les pieds. Mais au fait que savait-on réellement de Xiao-Lan ? Avait-il réellement un créateur ou bien s’agissait-il d’un PNJ (personnage non jouable) ? Le petit triton l’ignorait lui-même et ne s’était d’ailleurs jamais posé la question, de toute façon il n’y avait pas de raison qu’il se la pose étant donné qu’il avait trouvé une maman à lui maintenant !

Le petit dormait donc paisiblement, recroquevillé sur lui-même comme il l’avait toujours fait depuis qu’il était arrivé dans ce monde et rêva de pleins de jolies choses amusantes qui le firent sourire dans son sommeil.

Xiao-Lan avait bien mangé. Aylin fut rassurée de voir qu’il arrivait à manier sans trop de difficulté la fourchette. Elle n’aurait pas supporté de voir une fois de plus le petit essayer en vain et de le voir de nouveau fondre en larmes. C’était tellement plus agréable de le voir joyeux et curieux comme ça l’avait été durant toute cette journée. Il avait terminé de manger. Aylin allait proposer à son enfant s’il souhaiter autre chose mais la fatigue semblait l’avoir rattrapé. Il voulait aller se reposer. La nouvelle maman accéda à sa requête et s’apprêter à le conduire à sa chambre dans ses nouveaux draps lorsqu’elle vit son petit bout de chou se mettre en boule dans un coin de la pièce et s’endormir.

Décidément, il y avait tellement de choses qu’il avait encore à apprendre. Le pauvre devait avoir l’habitude de dormir dehors et n’avait pas encore compris que le lit qu’ils avaient fait était là pour qu’il puisse s’y reposer tranquillement. Aylin prit donc la peine de se baisser doucement et de récupérer avec grande délicatesse son petit bout de chou. La rouquine l’emmena ensuite dans le lit de celui-ci et l’y posa délicatement avant de le recouvrir de sa nouvelle couette. Aylin se posait des tas de questions sur l’avenir de son enfant mais se dit que, coûte que coûte, elle ferait tout pour qu’il trouve sa place à Tokyo comme elle avait gagné la sienne. Il y avait droit, il n’y avait pas de raison.

Avec tout ça la vendeuse de tissu n’avait pas mangé… Mais elle pensait plus aux courses qu’elle devrait faire prochainement. Il faudrait découvrir les goûts de Xiao-Lan, lui apprendre à goûter de nouvelles choses et lui apprendre les tas de choses qui semblaient si évidentes pour les humains mais qui ne l’étaient pas encore pour lui. La vendeuse était déterminée à mener à bien ses objectifs.

En attendant, maintenant que Xiao-Lan dormait, elle pouvait toujours faire un peu de couture. Elle descendit donc et se remit toute la nuit sur ses patrons, ses tissus et sa machine à coudre. C’était la seule distraction qu’elle connaissait. Aylin faisait toujours des vêtements en trop car elle terminait très rapidement les commandes. La vendeuse de tissus se demandait ce que l’avenir lui réservait, si elle aurait des problèmes vis-à-vis de sa petite IAI…

Si seulement les gens pouvaient ouvrir un peu plus les yeux et commencer à accepter ces êtres comme des humains. Il fallait voir que tous n’étaient pas forcément méchants. Oui mais voilà, forcément quand on crée la peur, on ne peut pas s’attendre à ce que la population accueille cette nouveauté les bras ouverts. En repensant à Neuro, tout en se touchant l’épaule, Aylin comprit certains comportements. Pourtant même elle avait laissé une chance à sa petite IAI alors pourquoi pas les autres?

[Le sujet est clos]