Un endroit sûr (Haruka)[clos]

Aylin ne comprit bien ce qu'il se passa mais l'homme amateur de viande humaine venait d'être mis chaos par l'arme qu'avait Haruka. Elle n'était pas si inoffensive que ça finalement. Elle, au moins, avait le mérite d'être bien plus prudente que la vendeuse de tissus... Peut-être que, pour une prochaine fois, elle ferait mieux de s'acheter une arme elle aussi... Mais elle était trop froussarde pour pouvoir brandir une arme. Avec un peu de chance elle se ferait tuée avec sa propre arme. Remarque, cela valait mieux que d'être dévorée lentement... Les pensées s'enchainaient dans son esprit mais penser c'est bien, courir loin de Neuro c'était mieux... Aylin avait bien mémorisé les directions indiquées par Haruka et était arrivée péniblement devant le fameux magasin d'Haruka. C'était la première fois qu'elle allait y entrer... Mais elle n'en était pas mécontente, elle serait allée n'importe où loin de cet homme. Elle ne savait pas si la maison était sûre, mais pour l'instant le principal était d'être loin de Neuro. Elle n'avait pas couru mais y était finalement arrivé. Haruka l'avait suivie et cela la rassurait. Finalement elles étaient toutes deux en vie. Bon, Aylin était bien blessée mais elle était rassurée qu'Haruka n'avait rien.

Elle resta devant le magasin un moment, elle n'avait pas les clés et doutait qu'Haruka ait laissé la porte ouverte. Aylin ressentit de nouveau une vive douleur à son épaule et voyait le sang couler sur sa robe. Aylin commençait à se dire qu'elle ferait mieux de rester cloitrer chez elle. Elle ne cessait de trembler, elle croyait qu'il lui serait désormais difficile de faire une quelconque sortie l'esprit tranquille. Les crocs, cette douleur tournaient en boucle dans sa tête. Elle avait l'impression que sa vie allait changer pour toujours. Et si Neuro n'était pas mort? Et qu'il voulait la retrouver?! Aylin pleurait et murmurait:

" Et s'il revient... Et s'il revient que vais-je faire?"

Elle regardait avec insistance la porte afin d'insinuer qu'elle voulait se réfugier... L'extérieur n'était plus du tout son ami, déjà qu'elle ne l'aimait pas avant... Désormais elle en était terrifiée.

*Je veux rentrer chez moi T_T ... Mais s'il me trouve chez moi? S'il me dévore? Et mes clients?*

C'était horrible, elle devait servir ses clients mais avec ce danger elle risquait de mettre en danger sa clientèle. Tout ceci était vraiment affreux. Sa vie allait changer à cause de lui! Si seulement rien ne s'était passé... Mais voilà, on ne peut changer le passé. Elle ne serait plus tranquille désormais. Il fallait faire enfermer cet homme... Mais si jamais il se vengeait? Si elle devait témoigner? Trop de pressions, tout ceci était trop dur pour sa petite nature. Elle voulait juste une vie simple et tranquille...

Elle se souvenait soudainement qu'Haruka avait signalé que la porte était ouverte. Les émotions, ça perturbait. Elle entrait donc, se précipitant aussi vite qu'elle put dans la boutique. Elle aperçut des tas d'idées pour organiser un mariage, de quoi le faire, de quoi offrir. Bref, si un jour elle devait se marier elle viendrait sans doute ici. Mais il était certain que jamais elle ne se marierait... En tout cas pas maintenant...

Elle n'osa pas avançait plus loin, elle laissa Haruka guider ses pas. Cela l'ennuyer de laisser du sang sur la route, bien qu'il y en ait peu. Aylin demanda à Haruka:

" Il ne risque pas de nous retrouver à cause de mon sang?"

Haruka entra à la suite d'Aylin dans son magasin. Un endroit familier, un endroit rassurant. La rue aussi était familière, mais cet endroit, c'était chez elle. Cela seul suffisait à rassurer la jeune femme. Etait-ce simplement le sentiment d'être chez soi ? En tout cas, ici, elle se sentait en sécurité. Elle dépassa Aylin, qui n'osait pas avançer plus loin dans la pièce, et qui, peut-être, n'en avait simplement pas la force. Des gouttes de sang maculaient le carrelage blanc du magasin. Il faudrait nettoyer, mais chaque chose en son temps. Tout d'abord, il fallait se protéger du psychopathe.

Haruka appuya sur un bouton apparemment innocent sur le côté de son casque. Un petit bip se fit entendre, de partout à la fois, comme si tous les appareils de la maison l'avaient émis en même temps. Ce qui n'était pas loin d'être le cas.
"Verrouillage." dit Haruka, posément, dans le casque.

Une sirène digne d'un sous-marin se fit entendre dans l'innocent magasin de mariages. Des gyrophares rouges, sortis d'on ne savait où dans les murs, illuminaient la pièce de leur lueur rotative. Tous les autres appareils s'étaient éteints, et de lourds rideaux de fer descendaient devant les vitres ainsi que la porte du magasin. De l'acier blindé en lamelles de 80 millimètres frontal. Il fallait une explosion nucléaire pour dégager ces machins-là.
Lorsque les protections des vitres eurent terminé de descendre, et se furent verrouillées dans un bruit métallique sonore, les gyrophares cessèrent, et de petites lumières situées aux quatres coins de la pièce s'allumèrent. Au loin, on entendait le bruit d'un générateur qui démarrait. La pièce était faiblement éclairée, mais au moins, Haruka et Aylin étaient maintenant en sécurité. Il y'avait les protections sur les vitres, et, sur les rois côtés qui ne donnaient pas sur la rue, le bâtiment était entouré par des caméras de surveillance couplées à des lance-balles-électriques, bien dissimulées dans les murs, et par des clotures totalement normales, sauf qu'en ce moment environ dix mille volts les parcouraient.

"Voilà... plus rien ne peut nous atteindre, ici... Même s'il nous retrouve, il ne pourra pas nous attraper..."

Bon, restait deux choses. Soigner la jeune femme dont l'épaule était toujours mal en point, et passer un coup de fil aux autorités. Il faisait noir dans la ruelle, mais la lumière était suffisante pour qu'Haruka distingue le visage du sale type, surtout quand il s'était approchée d'elle. Elle saurait en faire une description détaillée aux types de la sûreté de la ville. Enfin, d'abord, soigner Aylin.

"Viens au salon" fit-elle en ouvrant une porte qui se trouvait au fond de la pièce, derrière le comptoir. "je vais tenter de recoudre ça..."

Un médecin aurait en effet posé pas mal de questions, ce qui aurait été gênant. Haruka tenait à ce que ce soit elle qui demeure en position de force tant qu'elle le pouvait, face aux autorités de Tokyo, qui avaient tendance à la paranoïa et à la rétorsion brutale. Elle aimait bien son magasin, et son quartier, et ne voulait pas le voir envahi par les tanks.

Aylin fut surprise d'entendre des sons peu communs dans une boutique de mariage. Certes, certains commerçants avaient des stores en fer afin qu'on évite de leur casser leur vitrine mais ce bruit métallique semblant indiquer que la protection était bien plus forte qu'elle en avait l'air. Ce qui lui confirma furent les gyrophares... Haruka devait être sacrément riche ou du moins avait du sacrément investir pour se payer une telle protection. Remarque, maintenant qu'un fou furieux les recherchait elle en avait de la chance. Son magasin à elle n'avait pour seule protection sa serrure... Aylin n'avait jamais imaginé qu'il puisse y avoir un quelconque problème avec sa sécurité, du moins pas à ce point là. Lorsqu'elle entendit Haruka, qui semblait bien sûre d'elle, déclarait que même si Neuro les retrouvait il ne pourrait pas les atteindre le reste de stress s'en alla. Elle était enfin en sécurité... Qui aurait pu dire qu'une sortie à un endroit fréquenté aurait pu lui attirer autant d'ennuis? Une chose était sûre, si elle l'avait su elle ne serait jamais sortie.

*Mais maintenant si ça se trouve il va nous traquer...*

Cette pensée inquiétait fortement Aylin, tant qu'elle était ici ça irait mais une fois dehors? Une fois dans sa boutique? Elle ne serait plus en sécurité. Elle aborderait la question par la suite car sa blessure la faisait beaucoup souffrir, elle accepta donc de suivre Haruka au salon bien que l'idée de recoudre lui faisait un peu mal au ventre. Quand elle voyait ce que ça faisait à ses tissus lorsqu'elle les cousait, elle pouvait imaginait la douleur supplémentaire que cela allait lui attribuer. Mais bon, il fallait bien faire quelque chose sinon elle deviendrait de plus en plus faible à cause de la perte de sang.

Une fois au salon Aylin déclara, afin d'être sincère:

" Ca va me faire mal je suppose? Tu vas me donner quelque chose pour m'endormir un peu peut-être parce que la vue d'une aiguille dans ma peau ne me ravit pas à vrai dire."

Aylin ne pensa pas un instant à se rendre à un hôpital, non... C'était trop risqué. Elles pourraient être retrouvé là bas et, de ce fait, mettre en danger d'autres patients déjà dans un état critique. La rouquine avait certes une belle plaie mais elle devrait s'en sortir, du moins elle l'espérait. Haruka semblait pleine de surprise alors elle ne s'en faisait pas trop. C'est vrai, elle tenait une boutique de mariage mais savait réparer les clochettes, avait une arme sur elle et un système de protection hyper évolué. Ne sachant pas grand chose sur elle, elle se doutait que d'autres mystères l'entouraient mais tant que cela garantissait sa survie, cela ne la dérangeait pas.

Aylin regardait un peu partout dans la pièce, histoire d'oublier qu'elle allait se faire recoudre. En fait, Aylin n'avait jamais eu de soucis de santé et n'avait jamais du se rendre à l'hôpital. Elle ne s'était jamais rien cassé ni couper. C'était une toute nouvelle expérience mais pas très agréable, il fallait l'avouer. Elle aurait préférer tester l'expérience d'une bonne indigestion si elle avait eu à choisir... Mais voilà, on ne choisit pas ce genre de choses.

Une idée lui vint rapidement à l'esprit aussi l'exprima-t-elle tant qu'elle y pensait encore:

" On devrait avertir les autorités à propos de ce malade. Je sais son nom, en tout cas celui qu'il m'a donné: Neuro."

L'autorité était si développée ces temps-ci, elle le retrouverait sans doute assez rapidement. Aylin comptait bien le dénoncer, alors que d'habitude elle n'aurait jamais dénoncé qui que ce soit. Ce type était psychologiquement malade, il avait besoin d'aide et surtout il avait besoin d'être enfermé afin de ne plus dévorer qui que ce soit... Elle imaginait à peine le fait qu'il puisse dévorer jusqu'à des enfants. C'était vraiment inconcevable.

* Comment a-t-il pu rester inconnu depuis tout ce temps? Des disparitions n'ont-elles pas été remarquées?*

En effet, il dévorait peut-être ses victimes mais elle ne revenait jamais. Personne ne s'en inquiétait-il? C'était vraiment étrange...

Bien évidemment, qu'Haruka avait prévu d'alerter les autorités. Ce type était un psychopathe fini, et les dirigeants de Tokyo traquaient ces personnes comme le virus Ebola traquait la moindre cellule. Autant dire que le méchant bonhomme aurait bientôt d'autres soucis qu'Haruka et Aylin. Mais tout d'abord, refermer la blessure d'Aylin. C'était plus urgent, après tout, les autorités n'étaient pas à dix minutes, d'autant que le type semblait plus agressif que terrifié, et n'avait donc pas du prendre la fuite. De toute manière, une personne en fuite était automatiquement suspecte. De toute manière, Haruka se savait en sécurité ici. A présent, il fallait aussi que la jeune femme aux tissus le soit, c'aurait été stupide de venir à son secours aujourd'hui si c'était pour l'abandonner ensuite. Il faudrait réfléchir à un moyen de lui fournir cette protection.

"Oui, je les appellerai dans quelques instants, mais d'abord, il faut faire cesser l'hémorragie."

Oui, mais comment ?
Héruka réfléchit au problème. Il y'avait deux trous assez profonds, et vu le débit, une veine devait être touchée. Ce qui signifiait qu'il faudrait d'abord suturer la veine avant de refermer les plaies en elles-mêmes. Un laser à impulsion semblait indiqué pour la veine, quant à la plaie, il faudrait recoudre. Haruka savait coudre, et même broder à l'occasion, pour ses clientes, mais n'avait jamais fait de point chirurgical, qui avait plus de ressemblance avec un noeud marin qu'avec un point "normal". Enfin, elle trouverait bien quelque chose qui tienne, surtout si elle employait du fil de nylon.
Oui, mais non, il fallait quelque chose qui se dégrade dans la peau. Un fil de coton léger, préalablement désinfecté, était donc plus indiqué. Bien, il fallait prendre tout ça.

Haruka fouilla donc dans divers tiroirs de la pièce, ouvrit placards et armoires à la recherche des objets mentionnés. Elle trouva le laser dans un tiroir qui portait pourtant la mention "bobines", une aiguille sur sa table de travail parmi des morceaux de caméra, et enfin, le fil de coton dans un grand placard dont aylin ne pouvait, de sa place, voir le contenu, mais qui émit des lumières clignotantes sur le visage d'Haruka avant qu'elle ne le referme.
Cela avait de quoi perturber qui ne s'y attendait pas. Pour le visiteur occasionnel en effet, l'appartement aux milles surprises d'Haruka pouvait ressembler à la caverne d'Ali Baba du passionné de technique. Et, s'il avait réfléchi à atre chose qu'à la tenue de sa future mariée et la manière de lui enlever, il aurait pu légitimement se demander d'où elle sortait tout cela.
Bref.

"Voila... Oh, oui, la douleur, j'allais oublier." Elle recommença derechef les fouilles. "Ah, voilà. Je vais couper le cachet en deux, c'est plutôt costaud."

Il s'agissait en effet d'un innocent comprimé, mais sur lequel était imprimé un petit "C" : de la codéine. Le docteur lui en avait donné lorsqu'elle s'était cassé un doigt en morceaux en bricolant, mais elle avait refusé de la prendre, afin que la douleur lui rappelle que l'incompétence pouvait être désastreuse.
Elle donna le demi-cachet dans un verre d'eau à Aylin, puis attendit qu'elle le prenne afin de commencer l'opération, quelle lui expliqua en détail.

"Je vais tout d'abord refermer l'artère avec ce laser, cela ne te fera normalement pas mal. Ce qui risque d'être douloureux, c'est de refermer la plaie, il va en effet falloir recoudre. Et désinfecter avant, bien sûr. Si tu as trop mal malgré le cachet, je te donnerai la seconde moitié."

Elle attaqua ensuite, lorsque la demoiselle eut acquiescé. Elle prit le laser. Le sang rendait les choses difficiles, mais elle parvint à pincer l'artère avec un ciseau qui trainait par là, et qui était si usé qu'il ne lui servait plus à rien depuis des mois. Comme quoi, finalement, elle avait bien fait de le conserver.
Elle utilisa ensuite le laser, cautérisant la veine, et tentant de ne pas trop se concentrer sur la puanteur qui montait de la chait cicatrisée.
C'était là que ca aillait faire mal : la désinfection. Elle prit un spray de désinfectant qui était toujours à portée de sa main dans son appartement (on ne savait jamais quand ça pouvait servir...) et arrosa la plaie. Elle eut une pensée de compassion pour Aylin, dont tout le corps se tendit sous la douleur. Elle lui donna l'autre moitié de la codéine.
Enfin, elle recousit les plaies avec le point le plus solide qu'elle put. Cela prit un moment, mais heureusement, la vendeuse de tissus était plus ou moins déconnectée de la réalité pour encore quelques minutes grâce à l'anesthésiant. Elle termina, puis nettoya la plaie avec une compresse. Bien, voilà qui était fait. Et juste à temps : le regard de la jeune femme se faisait plus net, l'effet du médicament se dissipait.

"Voilà, tu es guérie..." dit-elle, se plçant face à Aylin. "... désolée de n'avoir pu faire plus doucement, j'ai fait avec les moyens du bord... Les fils devraient s'auto détruire d'ici deux semaines... tu n'as rien à faire..."

La voilà chirurgienne, à présent ! Enfin... Restait à prévenir les autorités.

"Souhaites tu décrire le criminel toi-même à la police ?"

Bien, ils allaient prévenir les autorités mais Haruka avait raison, le plus urgent était sa plaie. Elle allait perdre tout son sang si elles ne faisaient rien! Elle regarda Haruka chercher son matériel en n'étant plus du tout surprise de voir des lumières et diverses choses qui auraient du être étonnantes. Elle s'attendait à tout maintenant, considérant que c'était normal: on était chez Haruka après tout! Lorsqu'elle lui tendit le demi-comprimé, Aylin le prit sans trop broncher. Elle se sentit rapidement sur un petit nuage et en déduit que ça avait du fonctionner. Elle essaya le plus possible de ne pas penser à "l'opération" qui allait se dérouler. Aylin acquiesça en entendant tout ce qui allait se dérouler. Elle redoutait déjà la désinfection. Cela serait sans doute le plus douloureux... Elle sentit cependant passer les étapes précédentes et lorsque ce fut la désinfection celles-ci semblèrent avoir été des vulgaires piqures de moustiques! Elle ne put s'empêcher de lâcher un "aoutch", se crispant sous la douleur mais se retenant le plus possible de crier. Elle ne tenait pas à éveiller l'attention de qui que ce soit dans les parages!

La rouquine avait veillé à ne pas regarder toutes les opérations qu'avait effectuées Haruka, elle savait que regarder avait tendance à augmenter la douleur et elle ne voulait pas que cela se produise. Etant donné que la désinfection était désormais terminée elle se dit qu'elle pouvait de nouveau regarder Haruka. Elle remercia Haruka et nota mentalement qu'elle ne devait pas toucher aux fils, qu'ils s'en iraient donc par eux-mêmes.

*Ce n'est pas plus mal.*

Bon, il fallait parler de nouveau des autorités... Elle avait sur elle, elle ne savait plus exactement pourquoi, le papier avec l'avertissement sur les IAI sur lequel se trouvait le numéro des autorités. Sans doute s'était-elle dit qu'un jour ça servirait... Lorsque Haruka demanda si elle voulait elle-même décrire l'homme aux autorités elle hocha, confirmant ainsi ces propose. Elle se rappela mentalement les éléments qu'elle connaissait, les notant d'abord sur un papier afin de savoir bien répondre au téléphone... (Oui, elle avait également un crayon sur elle). Elle devait se rappeler chaque élément... Tout d'abord elle savait qu'il s'appelait Neuro, elle le nota. Il était très grand, il faut dire fasse à ses un mètre soixante... Elle n'était pas très douée pour donner une taille mais il était si immense qu'elle nota "environ 1m80, 1m90 ". Elle se souvenait de sa peau pâle, qu'elle notifia. Ses yeux verts si intense lorsqu'il l'avait regardé en disant bon appétit (en japonais évidemment). Ses cheveux étrangement noir et jaune et surtout ses crocs... Elle avait désormais notifié le plus important, ajoutant "dangereux psychopathe mangeur de chair humaine". Elle était prête à téléphoner, elle demanda le téléphone à Haruka et lorsqu'elle l'eut elle respira un moment. Il fallait qu'elle reste bien calme.

Elle serait plus crédible si elle restait concentrée. Elle entra le numéro indiqué sur son papier et attendit que les bruits sourds soient remplacés par une voix féminine déclarant "bureau de monsieur Lovick, bonjour". Aylin bredouilla d'abord puis reprit son calme et déclara d'une voix aussi audible que possible:

" Bonjour, je vous appelle pour vous signaler un homme cannibale. "

Apparemment cela intéressa fortement la femme qui demanda de patienter. Elle demanda alors tout un tas de questions auxquelles Aylin répondit de son mieux. Lorsqu'elle demanda une estimation de son âge Aylin hésite et déclara entre vingt et trente ans mais plus vers la trentaine que la vingtaine. Elle dut répondre aux questions de tailles et bien d'autres informations. La femme ne semblait jamais se lasser. A la fin, après quinze bonnes minutes d'interrogations la femme demanda si Aylin avait quelque chose à ajouter, celle-ci n'ajouta rien. Elle n'avait pas envie de dire qu'elle était une victime de cette homme mais la femme sembla s'en doutait car elle demanda où elle habitait afin qu'on puisse mettre sous surveillance les alentours. Après tout, cela ne coûtait rien de sécuriser un peu le quartier marchand aussi lui dit-elle son adresse. La femme la remercia et lui assura que tout leur possible serait effectué pour attraper cette personne dérangée.

La tonalité retentit, Aylin tendit le téléphone à Haruka en la remerciant... Elle mit sa tête entre ses deux mains avant de demander à Haruka:

" Tu crois qu'il va être arrêté?"

Elle avait quelques doutes, cet homme semblait très rusé. Et puis, s'il n'avait pas été arrêté jusque là, il devait y avoir de bonnes raisons non? Si ça se trouvait il travaillait pour l'ordre? Non... C'était impossible, de toute façon cette femme avait assuré qu'il serait arrêté. Et bientôt des personnes surveilleraient leur rue. Elle n'avait donc plus rien à craindre mais pourtant elle avait toujours si peur. Elle aurait aimé que demain elle se lève et que tout ceci n'ait été qu'un mauvais rêve. Oui, un mauvais rêve dont on constate l'absurdité et dont on rit par la suite...

Cependant elle doutait que cela fonctionne... La réalité se rappelle toujours si facilement à vous. En tout cas elle commençait à être franchement épuisée, elle en oubliait presque la faim qui la tenaillait depuis un moment. La peur ça a tendance à effacer toute trace de besoins dont l'on peut se passer. Cependant son estomac grogna et Aylin s'en excusa:

" Désolée, c'est que je devais aller au restaurant il a du être déçu."

Haruka reposa le combiné dans son socle. La jeune femme avait correctement décrit le psychopathe. Nul doute que les autorités se lanceraient rapidement à ses trousses. En attendant, il faudrait rester sur ses gardes. Et elle aussi. Cela dit, Haruka, elle, l'attendait de pied ferme. Ce bâtiment était inexpugnable. Et même si elle en sortait pour se rendre dans la rue, elle avait toujours son taser fait maison pour se protéger. Non, elle ne craignait rien. Pas de quelqu'un comme ça, en tout cas. Les autorités, c'était un autre problème. Eux pourraient lui causer du souci, si jamais elle ne faisait pas suffisamment attention. Cela dit, pour le moment, ils louaient ses machines, alors elle ne craignait pas grand'chose. Pas pour le moment. Enfin.

"Oui, il le sera certainement. Le gouvernement est plutôt à cheval sur la sécurité, ces temps-ci."

L'estomac de la vendeuse de tissus grogna tout à coup, les ramenant à la réalité toute bête. Ce qui posait un problème. Deux, en fait.
Le premier était que le bâtiment était actuellement verrouillé. Il se débloquerait automatiquement, mais pas avant 24 heures. Cela était fait pour éviter, dans le cas d'une prise d'otage, que l'on puisse forcer un otage à rouvrir le bâtiment. C'était peut-être aller un peu loin, mais les criminels hantaient la ville, et on était jamais trop prudent. Ce qui faisait qu'Haruka ne pourrait aller faire les courses avant un moment.
Ce qui amenait au second problème : il n'y avait rien de très bon à manger chez Haruka. Bien sûr, elle avait du riz chez elle, et un rice cooker parfaitement fonctionnel. Mais bon. Du riz, ce n'était pas un repas pour une invitée. Enfin, il n'y avait que ça...

"Ah... je suis désolée, je n'avais pas prévu de recevoir, je n'ai que du riz, je peux en préparer si tu le souhaites... " son estomac grogna à son tour "... en fait, je crois que je vais en faire dès à présent, j'ai faim aussi. Les émotions, ca creuse !"

Sur quoi elle se leva, et se dirigea vers la cuisine.

"Si tu souhaites venir pour discuter, tu peux me suivre dans la cuisine..."

Il s'agissait d'une petite pièce toute blanche, qui comportait des placards, blancs eux aussi, à poignées argentées. Seuls quelques réhauts d'argent ornaient donc cette cuisine immaculée, à l'exception de plaques de cuisson en verre noires, assorties d'une hotte en aluminium brossé de la même couleur. Le réfrigérateur était un imposant bloc d'aluminium, orné d'un écran et d'une fontaine à glaçons. Un frigo américain, pour ainsi dire. Qui prenait à lui tout seul la moitié du mur du fond. Face aux plaques de cuisson, sur le mur opposé, se trouvait un petit plan de travail jouxté de deux tabourets de bar à siège noir.

"J'ai fait la déoration en arrivant... C'est tout simple..." fit-elle à Aylin.

Elle sortit le rice cooker d'un placard, et le posa sur les plaques électriques. Elle y versa le riz, et l'eau. Ce fut à cet instant que la bizarrerie du lieu resurgit au milieu de cette cuisine toute banale. Elle ouvrit un petit panneau dans le mur, ou se trouvait la prise sur laquelle elle brancha le rice cooker, mais aussi un écran de contrôle sur lequel défilaient de drôles de graphiques, un petit clavier, et de drôles de loupiotes de couleurs. Haruka ne sembla pas s'en formaliser.

"Voilà..." fit-elle en branchant l'appareil "... nous mangerons bientôt. C'est un peu sommaire, mais je n'ai que ça. Le bâtiment est verrouillé pour 24 heures. Il y'a aussi des fruits et de la glace dans le frigo, et du poisson, mais je crains de ne pas tellement savoir le préparer."

Haruka avait elle aussi sursauté au bruit, qui provenait manifestement de la cave. Évidemment, cela n'aurait pas semblé évident à quelqu'un qui ne connaissait pas les lieux. Mais Haruka, elle, connaissait le lieu par cœur. Cela venait du sous-sol. Un tel bruit ne signifiait rien de bon. Probablement un disque dur qui venait de lâcher, ou un processeur...? En tout cas, cela sentait la carte électronique grillée. Beurk ! Voilà qui coupait l'appétit ! Ses pauvres, pauvres machines !
Cela tombait mal : en effet, le petit déclic du rice cooker informa les deux jeunes femmes que le repas était prêt. Haruka le débrancha et en profita pour regarder le petit écran qui se trouvait près de la prise. Sur lequel clignotait une petite loupiote rouge. Il allait falloir s'occuper de cela rapidement. D'autant que les lieux étaient scellés, la climatisation ne tiendrait pas longtemps si le moniteur avait raison. Bien, bien, bien. Agissons. Haruka sortit deux petits bols de procelaine d'un tiroir, et des baguettes laquées noires. Là encore, des choses simples mais jolies.

"Tu veux du riz ?" fit-elle à l'attention d'Aylin.

Après tout, elle n'avaient pas grand'chose à perdre à grignoter, même si Haruka, elle, allait sans doute bricoler en même temps. A tout hasard, elle en servit une grande part à la demoiselle : Celle-ci avait beaucoup perdu de sang, elle devait reprendre des forces. Elle s'en servit également une.

"On dirait qu'une machine a en effet eu un petit problème... Je vais devoir m'en occuper... Tu veux venir ? Enfin, je dis ça au cas où tu ne veuilles pas rester seule dans la pièce..."

Elle avait dit cela en grignotant -ou plutôt en s'enfilant- de grandes goulées de riz, parce qu'elle aussi avait faim, après tout, elle avait du courir pour échapper à un méchant psychopathe. Et puis, elle avait du ensuite faire une opération chirurgicale tout à fait bancale mais nécessaire, sur la personne de sa nouvelle amie Aylin. Tout ça, et en plus, un de ses appareils venait de la lâcher ! Oh, là, là... Que d'émotions... Elle continuà à grignoter tranquillement.

"Tu viens...?"

Haruka, qui avait plus l'habitude de son échelle qu'Aylin, s'y était laissée glisser, et était déjà au bout de la pièce, en train de trifouiller dans un rack de disques durs. On aurait dit qu'elle avait ouvert un tiroir dans le mur de machines, enfin, dans un des quatre murs de machines qui équipaient la pièce. Sauf que ledit tiroir était vertical. Elle marmonnait tout bas et effectuait des gestes précis et rapides, insérant une pièce de remplacement en lieu du pauvre disque dur qui avait lâché. Elle referma le tiroir, déclenchant une série de petites lumières sur le panneau et des informations défilant sur le moniteur qui se rtouvait juste au dessus. La copie se recréait à partir de la sauvegarde. Bien.
Elle regarda le pauvre appareil mort, qui était fort noirci. Il était rare que les appareils meurent de cette façon, qui était assez spectaculaire. On l'avait quand même entendue d'en haut ! Et cela aurait du sentir l'ozone, heureusement, la climatisation du bâtiment était efficace.

Puis elle entendit un petit "crac".

Elle se retourna d'un bloc. Aylin retirait d'un air innocent son pied d'une pauvre carte mère désormais inutilisable. Heureusement que ne trainaient par terre que les morceaux dont Haruka ne savait pas vraiment quoi faire. Décidément, ce n'était pas sa journée... D'abord le psychopathe, un disque qui explose, et une carte mère fichue. Enfin. Ce n'était pas si grave, après tout. Elle s'en était sortie indemne, ce qui n'était pas le cas de la pauvre vendeuse de tissus, qui avait bien souffert et devait être plutôt fatiguée. Et puis, c'était l'occasion de faire plus ample connaissance avec elle... autant en profiter !

Oui, mais voila...
Aie. C'est ce qu'Haruka redoutait.
Maintenant, elle allait devoir expliquer comment elle avait obtenu tout ça. Elle n'avait pas honte de sa cave, au contraire, elle était plutôt fière de ce qu'elle avait accompli, mais elle sentait bien que la jeune femme était impressionnée, et devait penser qu'Haruka était fort riche, pour avoir tout ça. Ce n'était ni très faux, ni très vrai.
Grace à ses machines, qu'elle s'était construites sur plusieurs années, elle avait pu en effet récolter pas mal d'argent en prêtant la puissance de calcul à divers clients, dont le gouvernement de Tokyo, mais en retour, sa fature d'électricité était proprement faramineuse. Le magasin de mariages était son activité première, mais au fil du temps, elle fut bien contente d'avoir cette seconde activité plus ou moins officieuse, car le magasin de mariages ne permettait pas de grands bénéfices, du moins, pas souvent.
Ce qui ennuyait Haruka, c'est que... eh bien... elle allait encore passer pour quelqu'un de riche, ou quelqu'un d'obsédé par la technologie (ces deux points étaient vrais, mais elle n'était pas que ça !), et souvent, les gens avaient du mal avec ça...

"Ah... heu..." commença t-elle, ne sachant par où commencer.

"C'est vrai que ça contraste avec la boutique, hein ?" fit-elle, gênée. Elle ne savait pas comment expliquer à Aylin tout... ça..., car la demoiselle avait l'air... impressionnée, voir choquée, par la pièce. Elle se rendit compte qu'elle tenait toujoursl e pauvre disque dur dans les mains, et le posa sur le bureau qui se trouvait au centre de la pièce, recouvert de paperasses et composants divers qui masquaient presque le clavier et la souris qui s'y trouvaient.

"C'est... mon lieu secret. Tu es la seule à l'avoir vu... J'ai fait tout ça moi-même, au fil du temps... J'y passe beaucoup de temps... Cet endroit, c'est ce qui me permet de survivre financièrement lorsqu'il n'y a pas de clients, je prête mes machines à des gens qui ont besoin de faire de lourds calculs..."

Ce qui permettait aussi à Haruka de se livrer à son hobby favori : tenter de découvrir ce qui se passait avec les intelligences artificielles lâchées dans le monde, comment ca s'était produit, pourquoi le gouvernement cherchait à étouffer l'affaire, et surtout, comment elle pourrait faire pareil ! Mais ce vieux renard de Lovick protégeait sacrément bien ses serveurs, et elle n'était jamais arrivée à rien.

"Je... je me sens tranquille, parmi le ronronnement de ces machines. C'est un peu bizarre, hein ? Ce sont un peu comme mes enfants..."

Aie. Ce n'était pas avec ce genre de paroles qu'elle dissiperait les doutes sur sa bizarrerie. Pauvre Aylin, elle allait décidément la croire folle !

"D'ailleurs, à ce propos... l'aure jour, dans le garage de ce type, là, où on parlait de Raizen World... J'ai déjà vu des... comment te dire ça... des personnages qui étaient devenus réels... Ah, là, là, qu'est ce que je dis, tu vas me croire folle..."

Elle la croirait ou non, mais c'était vrai. Elle avait vu cette curieuse fée, et après de longues recherches, avait trouvé qu'elle était en faite une de es "IAI". Seulement, elle n'avait pas pu aller plus loin, car son intrusion dans les serveurs de Raizen avait été détectée, et elle avait du lancer la déconnexion d'urgence. Ses clients avaient d'ailleurs râlé qu'ils avaient perdu des données...

Elle se trouvait dans le lieu secret d'Haruka? Et elle était la première à le voir? Olalala tout d'un coup Aylin se sentit à la fois très honorée et gênée! Ben oui, après tout pourquoi était-elle la première? C'était un hasard qui l'avait amené ici: elle était sortie, première improbabilité, elle s'était faite agressée puis amenée ici et enfin un appareil avait grillé et la voilà dans l'antre d'Haruka. Elle espérait ne pas trop la gêner. Si Aylin avait eu un lieu secret elle aurait sans doute tout fait pour que personne n'y entre jamais sous aucun prétexte alors elle pouvait comprendre qu'Haruka soit un peu dans l'embarras... Sa cliente en tout cas semblait vouloir partager bien plus que ce lieu et lui expliqua beaucoup de choses au sujet de cette pièce technologique.

Elle avait tout fabriqué elle-même, elle devait être aussi voir plus douée qu'elle dans l'électronique qu'Aylin l'était en couture! Même si elle y passait du temps cela ne signifiait pas que c'était facile. Elle aurait sans doute fait un très bon commerce de réparation de machines ou encore en réalisant sa propre entreprise de pc très performant. Elle aurait autant voir plus gagner que sa boutique de mariage. Du moins c'est ce qu'Aylin pensait étant donné l'ampleur qu'avaient les ordinateurs de nos jours... Des tas de personnes voulaient toujours la dernière nouveauté. Cependant peut-être qu'Haruka préférait garder ses propres machines pour elle et avoir en quelque sorte le monopole secret de cette technologie? En tout cas ce n'était apparemment pas totalement secret car des personnes utilisaient ses machines! Si ça pouvait arrondir les fins de mois, ce n'était sans doute pas plus mal!

La vendeuse de tissus n'avait pas vraiment, pour sa part, de moyen d'arrondir les fins de mois. Ils étaient souvent rudes mais comme Aylin n'avait pas un gros appétit ça lui suffisait bien. Cependant elle gagnait plutôt bien, mais donnant à chaque fois la moitié de ce qu'elle gagnait à ses parents, forcément ça rend parfois les choses plus ardues qu'elles devraient l'être. Mais la rouquine se devait d'aider ses parents, c'était normal aussi elle ne se plaignait pas de sa situation.

Aylin revint à la réalité lorsqu'Haruka parla des machines et de la tranquillité qu'elle ressentait parmi ses machines. Elle trouva cela un peu surprenant mais sans plus. Après tout Aylin trouvait la présence d'ordinateur parfois bien plus rassurante que celle des humains! Eux au moins n'étaient pas blessant, ne rejetaient pas les autres. Et puis il n'y avait pas de réel danger de se trouver près d'ordinateur, à priori. Et puis ici il ne devait pas y avoir les bruits de l'extérieur, on pouvait donc être totalement au calme. Aylin hocha de la tête puis dit avec un petit sourire:

" C'est vrai que la pièce semble calme."

C'est alors qu'Haruka aborda un sujet assez embarrassant: les IAI de Raizen World. Apparemment sa cliente en avait déjà vu. Remarque elle aussi... Mais devait-elle lui dire? Ce serait trahir la confidentialité de ses clients que d'en parler, non? Remarque, si elle n'était pas précise elle ne mettait personne en danger et ainsi elle pourrait entamer une réelle discussion avec Haruka. La rouquine avait souvent beaucoup de mal à s'exprimer alors pour une fois qu'elle en avait l'occasion, et en toute sécurité loin de ce Neuro... D'ailleurs son épaule allait un peu mieux. Cela lançait moins cependant elle était toujours sous le choc et assez faible malgré le riz qu'elle avait engloutit.

Elle rassura Haruka en souriant et déclarant d'une voix amicale:

" Non, je te crois! J'en ai déjà vu moi-même! En fait je crois qu'il y en a un peu partout... Mais ils se cachent plus ou moins bien dans la ville. La vie ne doit pas être toujours facile pour des personnes comme elles."
Après tout les IAI étaient traqués, emmenés... Tout ceci semblait du moins assez louche. Enfin elle entendait toujours des rumeurs de la part de ses clients. Hé oui, dans le commerce les ragots fusent très rapidement. Cependant Aylin ne prenait pas vraiment partie. Elle se contentait d'être la plus utile possible avec ses clients et c'était déjà pas mal, non?

C'est alors qu'un flash survint dans son esprit... Les crocs de Neuro... Son attitude... Se pouvait-il qu'il soit un IAI mais de la classe démoniaque? Elle se souvenait que certains démons avaient des crocs comme en avait Neuro. Elle s'en souvenait car elle avait toujours eu horreur de combattre ces ennemis là dans le jeu. Elle fit alors part de sa pensée à Haruka, pour savoir si elle pensait que cela pouvait être vrai:

" Dis, tu crois qu'il se peut que Neuro, mon agresseur, soit un IAI? Il avait d'horribles crocs... Ce n'est pas très naturel, si?"

S'il était effectivement un IAI, elle venait d'apprendre à ses dépends que tous les IAI ne faisaient pas tous preuve de bonne volonté envers eux et qu'ils étaient même prêts à les tuer sans la moindre hésitation! C'était un choc supplémentaire... Sa tête commença à tourner un peu. Elle demanda donc:

"Est-ce que tu as un siège? Je ne me sens pas bien..."

Haruka chercha des yeux un siège qui ne soit pas encombré par des monceaux d'objets divers et variés, parmi lesquels on pouvait reconnaître, bien entendu, des composants divers, mais aussi des plans, des photographies ou du moins quelque chose qui y ressemblait de loin, et même parfois des chiffons et de vieilles peluches, détails qui contrastaient curieusement avec l'univers tout électronique d'Haruka. Comme elle ne trouvait aucun emplacement libre, elle fit rouler son propre fauteuil jusqu'à Aylin, non sans avoir pris la précaution de le débarasser auparavant de quelques notes de travail qui l'encombraient.

"Tiens, voici un siège..." dit-elle à la jeune femme.

Sur quoi elle revint aux questions moins pressantes, à savoir le problème du méchant homme qui les avait agressées dans la rue un peu plus tôt. Un IAI ? C'était bien possible après tout. La police était plutôt efficace, et ses serveurs moins protégés que ceux de Raizen World. Haruka avait ainsi pu observer par... disons, le plus grand et innocent, oui, surtout innocent, des hasards... que la criminalité de Tokyo était en nette baisse. Et ce non pas parce que les gens ne commettaient plus de crimes, mais parce que les prisons se remplissaient beaucoup.
Cela, plus le fait que le quartier où vivaient les deux jeunes femmes était plutôt tranquille, tendait à prouver que la personne qui les avait agressées, qu'elle soit humaine ou IAI, n'était à tout le moins pas du coin. Et, évidemment, cela restreignait les possibilités : les visas pour la ville, sous le contrôle quelque peu militaire (de qui je me moque, largement militaire) du vieux renard, étaient difficiles à obtenir.
Et, évidemment, il y avait les crocs.

Autrement dit, soit c'était un IAI, soit un dingue qui avait fait tailler ses dents en pointe. Dans les deux cas, de toute manière, Haruka ne tenait pas à revoir ce sale type. Il avait osé tuer un chat ! Elle prit mentalement note de retourner dans la rue récupérer le corps de la pauvre bestiole, et de lui donner un enterrement respectueux. Mais ce serait pour plus tard. Après tout, il restait encore plus de 21 heures avant que le bâtiment ne se déverrouille...

"Oui, je pense que tu as certainement raison..." fit-elle, son visage perdant la concentration qu'il avait durant sa réflexion, et qui aurait pu la faire paraitre très concentrée, ou, plus prosaïquement, constipée. "Il doit s'agir d'un IAI qui a mal tourné... Je me demande qui pouvait jouer un tel personnage !"

Et elle ne le saurait pas, à moins de tenter une nouvelle incursion dans les serveurs-forteresses de Raizen. Autrement dit, pas avant quelques jours.

"Ils se cachent ? Oh... Celle que j'ai vue n'était pas très dicrète... Mais je les comprends, vu la politique du gouvernement, ils seraient sans doute arrêtés, car je ne pense pas qu'ils aient de papiers d'identité..."

Une idée traversa à ce moment l'esprit d'Haruka. Enfin, comme à chaque instant, à la vérité, une centaine d'idées lui traversèrent l'esprit. Mais tentons de nous concentrer sur l'une d'entre elles, parce que les plans d'un robot-chat, l'invention d'une source d'énergie inépuisable, et la recette d'un curieux gâteau aux poires (et j'en passe) n'ont que peu d'intérêt pour notre récit. Donc, l'idée qui traversa l'esprit d'Haruka et qu'elle choisit de transmettre à Aylin fut la suivante :

"Dis, tu ne voudrais pas que je te donne quelque chose pour te protéger, au cas où tu tombes sur un autre maboul dans le genre de celui-là ?"

Aylin put rapidement s'assoir, Haruka était très efficace décidément. Elle se sentit déjà mieux, il fallait qu'elle limite les efforts pour le moment. Il fallait qu'elle se rétablisse à son rythme. Se détendre, penser à des choses joyeuses, voilà ce qu'il lui fallait. Cependant ce n'était pas toujours évident. La rouquine avait beau essayer de ne plus penser à ce qu'il venait de se passer elle n'y arrivait pas. Qu'allait-il advenir de ce malade? Allait-il trainer dans les rues librement? Non... Si seulement les forces de police pouvaient être rapidement activées... Remarque, vu la rapidité d'arrestation ces temps-ci il y avait peut-être un infime espoir.

* Prions...*

La question d'Haruka la laissa sceptique un moment. Le créateur de ce personnage devait être une personne véritablement dérangée... Ou alors une personne gentille qui avait joué un méchant juste pour s'amuser, sans penser qu'un jour son personnage s'incarnerait dans la vie réelle. Étant donné le caractère de Neuro, nul doute qu'il tuerait son créateur s'il venait à le croiser... Il se ferait un bon petit plat. Si seulement il y avait un moyen d'inverser le processus d'incarnation, ils pourraient renvoyer ce malade d'où il venait. Aylin émit comme unique réponse un soupire.

Lorsqu'Haruka demanda si elle voulait qu'elle lui donne quelque chose pour se protéger, au cas où... Ce fut un sacré dilemme qui se mit en place à partir de ce moment là. Elle n'avait rien sur elle ni chez elle qui puisse lui permettre de se défendre véritablement. Ce ne serait pas sa machine à coudre qui la sauverait, du moins si elle voulait qu'elle fonctionne après... Donc si jamais elle venait à avoir un problème, elle se ferait sans doute blesser grièvement ou tuer. La mort étant une meilleure option à ses yeux que celle de finir complètement paralysée dans un lit sans aucun moyen de communication. Elle ne voulait pas passer le restant de ses jours à attendre son heure sans pouvoir faire quoique ce soit.

Mais accepter de prendre une arme, bien que ce soit légal actuellement, était également un risque. En effet, étant tellement apeurée elle ne l'utiliserait pas et attendrait de se faire abimer quand même. Pire encore, il se pourrait même que son arme serve contre elle et l'achève. Alors fallait-il ou non accepter d'avoir une arme?

* Il faut surtout me trouver du courage.*

Aylin hésita un moment puis se dit qu'il faudrait de toute façon un jour prendre le dessus et lutter pour sa vie, même si c'était vraiment difficile:

" Oui, je veux bien... Tu as quoi à me proposer?"
Elle espérait qu'elle ne lui proposerait pas d'armes trop violentes. Elles seraient beaucoup plus difficiles à utiliser psychologiquement avant et après l'impact. En effet, le fait de savoir qu'appuyer sur la gâchette provoquera des horreurs et le fait d'ensuite voir les horreurs d'une façon bien plus horrible que celle qu'on aurait pu imaginer... Avec le sang partout...

* Br, ça fait froid dans le dos.*

La jeune femme semblait avoir du mal à accepter l'idée d'une arme, même pour se défendre. Haruka n'aimait pas spécialement l'idée des armes, mais elle en avait accepté la nécessité, dans ce monde bien sombre. Elle pouvait comprendre, toutefois. Mais Aylin viendrait certainement, elle aussi, à en accepter l'utilité. C'était inévitable, surtout si ce sale type tentait de les retrouver, ce qui lui semblait plus ou moins inévitable. Alors, autant l'attendre de pied ferme. Haruka ne comptait pas se laisser impressionner. Mais Aylin était plus fragile, elle ressemblait plus à l'idée que l'on se faisait d'une jolie jeune femme, douce et gentille. C'était une bonne personne, et Haruka lui adressa un léger sourire.

"Je vais voir..." fit-elle avec un petit clin d'oeil qui voulait détendre l'atmosphère.

Elle ouvrit un grand tiroir, qui contenait tout un bric-à-brac. Des bruits divers de plastiques et métaux qui s'entrechoquent durèrent tandis qu'elle fouillait dans le tas d'objets, sachant pertinemment ce qu'elle cherchait, mais pas vraiment où elle l'avait mis*.
Ce faisant, elle réfléchissait à ce qu'elle venait de penser sur Aylin. Une vraie demoiselle, elle. Les robes lui allaient, et elle était grâcieuse, Haruka ne doutait pas que les jeunes hommes puissent la désirer, ou, tout du moins, la trouver mignonne. Mais elle semblait avoir peur... comme une enfant perdue dans un monde trop grand pour elle.
Elle était l'inverse, au fond. Haruka n'était pas plus féminine que... disons, un bureau. C'est neutre, un bureau, et solide. Mais pas vraiment féminin. Haruka avait l'impression d'être un peu comme ses machines, pas vraiment homme ni femme, mais neutre. Tout au fond d'elle, vraiment profond, en cherchant bien, se trouvait une Haruka sensible, féminine, fragile, une jeune fille comme il en existe des milliers, douce, et rêvant de romance. Seulement voilà, elle était ligotée et bâillonnée par la Haruka réaliste et un rien désabusée qui occupait le devant de la scène. Et qui, de l'avis général, avait bien raison.
Tout de même, l'amour, ca devait être quelque chose de bien...
Enfin...

Haruka s'ébroua légèrement, comme pour dissiper ces pensées peu agréables. Elle espérait qu'Aylin n'aie pas remarqué que son visage s'était assombri pendant sa recherche. Elle se releva enfin du tiroir, dans lequel elle était à moitié entrée afin de chercher tout au fond, car elle avait enfin trouvé.

"Je pense que ca devrait t'aller : C'est une arme de défense, tu ne peux pas tuer quelqu'un avec..." dit Haruka en lui tendant l'objet.
*Enfin, à moins qu'il soit cardiaque et dans une flaque d'eau, mais bon. C'est pas généralement le cas des psychopathes de service* ajouta t-elle intérieurement. C'était le problème avec toute arme électrique, et celle-ci en était une.

Dans sa paume se trouvait en effet une sorte de curieux petit Yo-Yo peint de zébrures noires et jaunes comme celle que l'on trouve parfois sur les bandes entourant une zone de travaux. De petits carrés métalliques en dépassaient, et en lieu et place d'une fine corde, il possédait un câble, très fin lui aussi, relié à une petite poignée. Il possédait également une face munie d'une espèce de velcro, mais faite de métal, de sorte qu'elle s'accroche bien, et de petites grilles assez curieuses sur l'arrière.

Elle pensa qu'une petite explication était d'usage.

"Alors, ben, évidemment, tu gardes la poignée dans ta main, comme ça", dit-elle en joignant le geste à la parole, accorachant la petite poignée, qui ressemblait à une bague, à son doigt, "et bien si quelqu'un t'agresse... tu lui lances le disque", fit-elle en effectuant un mouvement souple du poignet en direction d'une carcasse d'ordinateur abandonnée.
De petites fusées cachées par les grilles s'allumèrent à l'arrière du yo-yo et le propulsèrent contre la carcasse, où il se colla, et émit de fortes étincelles bleues qui parcoururent toute la surface du métal.
"Voilà... normalement là, l'agresseur est KO. alors il te suffit de desserrer la main..."
Le yo-yo revint gentiment se placer dans la main d'Haruka.
"..et le tout est joué."
Haruka tendit le tout à Aylin avec une dernière précision, et un léger sourire qui se voulait rassurant.
"Il y a une protection, tu ne peux utiliser ceci que si tu es en danger, c'est une question d'influx nerveux, et... enfin bref."

Mais alors, comment avait-elle elle-même fait en sorte de le lancer ? Eh bien, elle savait se maitriser, il avait bien fallu, elle n'allait pas se brûler ou chuter chaque fois qu'elle testait son appareil ! Elle avait ainsi acquis, par une pratique bien plsu curieuse et hasardeuse que le Zen**, une grande maîtrise d'elle. Qui lui avait permis de rester calme, un peu plus tôt dans la soirée.

Elle sonda Aylin du regard.
"Penses tu que ça t'ira ?"


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* : Ben oui, hein, sinon elle n'aurait pas à chercher...
** : Quoique, quand on se prend 100 kV dans la poire lors d'un échec, on apprend vite.

Olala mais qu'est-ce que c'était que ça? Un yoyo?? C'était une arme mais pourtant cela n'y ressemblait vraiment pas. Aylin n'aurait jamais cru qu'un objet semblant si inoffensif puisse provoquer de tels dégâts. Une fois la démonstration monstrueuse d'Haruka, Aylin prit d'une main tremblante l'arme en question. Elle était restée silencieuse durant toute la démonstration mais avait bien écouté et retenu tout ce que lui avait expliqué Haruka. L'idée de garder cela la stressait un peu malgré tout. Elle regardait ce yoyo jaune... Elle restait sceptique. Serait-elle capable de l'utiliser en temps voulu? Est-ce que c'était certain que ça allait fonctionner lorsqu'elle répèterait les mêmes gestes qu'Haruka?

Elle était tellement stressée, la vendeuse de tissus voulut se rassurer en essayant de faire fonctionner l'arme qui devrait la défendre en cas d'extrême urgence... Mais cela ne fonctionnait pas. Remarque, c'est bien ce qu'avait dit Haruka, il y avait une sécurité. Elle tourna le yoyo un peu dans tous les sens et revit les yeux, les crocs de Neuro et poussa un cri avant que la machine se déclenche et touche... Un ordinateur mais surtout également Haruka! Confuse, Aylin se leva, titubant un peu et plaquant les mains sur sa bouche avant de murmurer avec des sanglots dans la voix:

" Haruka... Ca va?"

Et là une idée horrible lui vint à l'esprit: elle lui avait tiré dessus. ELLE LUI AVAIT TIRE DESSUS! Si ça se trouvait elle l'avait tué! Elle commença à secouer doucement Haruka en sanglotant:

" Haruka ne meurt pas! Pardon, je l'ai pas fait exprès!! Je ne voulais pas ça!"

Maintenant que c'était fait, Aylin ne put s'empêcher de s'en vouloir terriblement de souhaiter qu'elle n'ait jamais eu d'arme et qu'elle ne devait plus jamais toucher à une arme. Ceci se résuma à peu près par son petit discours confus mais exprimé avec une grande émotion:

" Oh je savais je savais que je ne devais pas porter d'arme! Même un yoyo c'est trop pour moi! Oh pardon! Si seulement... si seulement!!!"

Aylin se mit à pleurer. Elle venait de blesser voir de tuer sa meilleure cliente, sa première amie, sa sauveuse. C'était vraiment l'ironie du sort. Comment cela pouvait-il arriver? Ce n'était qu'un cauchemar, toute cette journée n'avait été qu'un cauchemar. Il était largement temps de se réveiller et de vivre normalement sans toutes ces choses étranges et qui la dépassaient complètement. Elle n'était qu'une marchande de tissus qui ne souhaitait que la paix. Elle voulait une vie simple mais joyeuse. Était-ce trop demander?

* Faut croire que oui.*

Pourtant, le cadavre présumé d'Haruka ouvrit doucement les yeux*, la peau un rien noircie en surface par les éclairs qui l'avaient parcourus. Elle s'étira doucement, en de très lents mouvements, puis, lorsqu'elle fut plus assurée, se recoiffa les cheveux en tournant au possible le dos à Aylin, car elle savait qu'elle avait un visage ridicule après s'être faite électrocuter, en raison de ses cheveux qui lui donnaient l'air afro américain à cause de l'électricité statique. Elle remit donc tant bien que mal son bandeau avant de se retourner vers la jeune femme, un sourire gêné aux lèvres.

"Tetetete...** Au moins, il marche encore, on est fixées, hein, Aylin" lui dit-elle avec un accent qui se voulait comique.

Elle regarda ensuite Aylin, et se rendit compte qu'elle était plutôt paniquée, son visage ne trahissait que la plus profonde angoisse. La jeune femme se sentait coupable de lui avoir tiré dessus... Oui, cela pouvait se comprendre, mais enfin, au moins les éventuels agresseurs seraient bien surpris ! Non, ce qui inquiétait l'électronicienne, c'était que son amie avait réussi à déclencher un influx de danger... sans doute par le souvenir de la scène de ce soir. Ce qui voulait dire qu'elle avait subi un profond traumatisme. Pas étonnant : après tout, elle avait failli se faire manger !
Haruka, pour sa part, tenait du gyroscope : lorsqu'un évènement la perturbait, elle se remettait vite en place, et reprenait tranquillement son petit bonhomme de chemin. Mais elle connaissait beaucoup de gens plus fragiles qu'elle, ou moins prêts à accepter les petits heurts de la vie, qui nous laissent des blessures de guerre.

"Ne t'en fais pas, ça va..." dit-elle en regardant la jeune femme bien dans les yeux, pour que celle-ci voie qu'elle allait bien. Elle lui aurait presque caressé la joue en un geste rassurant, mais ce serait probablement mal vu. Après tout ce geste était réservé aux parents et éventuellement au compagnon d'une personne, et Haruka n'était certes pas lesbienne... "Je me suis tant de fois pris le courant que j'ai acquis une résistance naturelle... D'ailleurs, une personne normale ne peut pas se relever avant quelques minutes voire une demi heure..."

Elle se releva d'un geste souple, qui montrait bien qu'elle n'était pas si blessée que ça. Elle avait encore un peu mal, mais elle avait connu bien pire le jour où elle s'était retrouvée connectée à un générateur à haute tension. Enfin, c'est une autre histoire. Elle ignorait comment rassurer Aylin, qui semblait porter un bien lourds poids, et ce n'était sans doute pas uniquement de lui avoir par mégarde tiré dessus qui en était la cause.
Elle bâilla, geste étrangement déplacé mais qui témoignait bien de son début de fatigue.

"Heh hi on hahé hohir ?"

Hum.

"Et si on allait dormir ?" répéta t-elle, des fois que le niveau de bâillelangue d'Aylin se situe en dessous du doctorat.


--
* On ne parle pas ici du funeste destin qui fut celui du pauvre rack d'équipement qu'Aylin avait touché avec le yo-yo électrique. Celui-ci avait brièvement mais héroïquement résisté pendant 0.1 seconde, avant de griller tout simplement. Il rejoignit ses ancêtres au paradis des PC, et le système d'Haruka fonctionna 0.01% plus lentement jusqu'à ce que celle-ci change le rack grillé, environ cinq minutes après qu'Aylin sorte de chez elle. Pas bien glorieux comme fin, mais une des prmières causes de mortalité chez les jeunes PCs.
** Aiaiaiaie, version japonaise.

Aylin se calma lorsqu'un son sortit de la bouche d'Haruka! Ouf, elle ne l'avait pas tué juste un peu sonné... Enfin un peu, elle devait être sacrément sonné vu l'état de son visage tout comme celui de ses cheveux. La pauvre aurait sacrément besoin d'un bain lorsque l'électricité serait partie de son corps bien évidemment. En tout cas elle ne semblait pas lui en vouloir vu qu'elle tenta de faire rire Aylin, chose difficile étant donné la culpabilité qu'éprouvait la demoiselle. Elle se força un peu à sourire histoire de prouver qu'elle avait bien saisi son humour. Et bien qu'elle lui affirme à plusieurs reprises que ça allait la rouquine en doutait fortement. Comment ça pouvait aller après s'être prise une décharge de cette puissance? Sa pauvre cliente devait tout de même avoir mal, qu'elle l'avoue ou pas. C'est pourquoi Aylin s'excusa une fois de plus, au cas où Haruka n'aurait pas encore mesuré l'ampleur de sa culpabilité.

Bon, apparemment elle s'était déjà pris pas mal de fois le courant mais bon... Même avec une résistance naturelle ce n'était pas super de se prendre ça dans la tête tout de même. Enfin Aylin était trop fatiguée psychologiquement et physiquement pour se battre avec Haruka aussi elle essaya de se rassurer et se dire que le principal était qu'Haruka semblait toujours aussi remplie d'énergie qu'il y avait deux minutes. La vendeuse de tissus regarda un moment silencieusement Haruka avant que celle-ci essaie d'exprimer dans un baîllement un charabia incompréhensible. Elle tenta d'imaginer les différentes phrases qu'elle aurait pu essayer d'exprimer...

* Et me on va aller vomir? Non... Ca doit pas être ça... Et si on allé maudire? Non...*

Après quelques instants d'intenses réflexions Haruka lui donna la clé du rébus.

*Et si on allait dormir? Ahhh...*

Cela la rassurait, ses phrases n'avaient strictement rien à voir avec ce qu'avait essayé de dire Haruka, ouf! Aylin ne se fit pas prier et hocha la tête avant de dire timidement:

" Oui, je pense que la journée a été suffisamment chargée émotionnellement comme ça... Et puis je commence à vraiment fatiguer."

Haruka adressa un léger de tête à Aylin pour que celle-ci la suive, remonta l'échelle puis, en continuant le couloir de la cuisine, déboucha sur un escalier qui montait. En haut, se trouvaient quatre portes, l'une, ouverte, donnait sur une petite salle de bain blanche immaculée, qui détonnait un peu par rapport au capharnaüm qui régnait dans l'ensemble du domicile d'Haruka. Les trois autres portes étaient fermées, mais la jeune femme en ouvrit une, qui donnait sur une chambre de taille moyenne, entendez par là moyenne pour qui a les moyens de se payer un bâtiment anti-atomique, c'est à dire qu'elle faisait trente mètres carrés. Les lumières s'allumèrent en un doux dégradé lorsqu'Haruka pressa l'interrupteur, révélant les teintes chaudes et pastel des murs. Un grand lit orné de draps oranges et ocre trônait au milieu de la pièce, ses oreillers et traversins invitant au repos. La pièce était elle aussi très bien rangée, et sentait le propre.

"C'est ma chambre d'invités, je ne l'utilise pas souvent... J'espère que tu t'y sentiras bien, l'aménagement est un peu simple, j'en ai peur..." fit Haruka, manifestement gênée de ne pouvoir offrir mieux à son hôte et amie.

Et elle était effectivement gênée. Elle s'en voulait de ne pas pouvoir fournir à Aylin une chambre avec salle de bain séparée, placards de rangement -bien que la jeune femme n'en eût sans doute pas besoin- et vêtements de rechange à tout hasard. Pire, il n'y avait dans cette chambre aucun écran, ni téléviseur... C'était manquer à la plus élémentaire des politesses, mais malheureusement, le bâtiment était ainsi conçu. La jeune femme avait fait ce qu'elle avait pu pour rendre la pièce présentable, mais elle n'était pas certaine que ses efforts aient porté leurs fruits, ça n'était pas aussi bien que l'image dans le magazine dont elle s'était inspirée.
Evidemment, elle n'avait pas retouché les images ensuite, elle. Enfin, bref.

"Eh bien, je crois que je vais te laisser ton intimité, à présent... Si tu as besoin de quoi que ce soit durant la nuit, il y a un téléphone près du lit, si tu fais le # tu tomberas sur ma chambre... Et si je ne réponds pas c'est que je suis en bas, alors c'est le *..."

Elle sentit qu'il manquait encore quelque chose, alors elle s'inclina un peu devant Aylin puis se releva.

"Bonne nuit, fais de beaux rêves..." Elle doutait que la jeune femme puisse faire autre chose que des cauchemars, avec ce qui lui était arrivé ce soir. Mais le temps était le meilleur remède contre les mauvais souvenirs, et tout finirait par se calmer, un jour où l'autre.

Le problème de ce vieux renard de Lovick était autrement plus embêtant, ce n'était pas un rêve, celui-là, et le peu qu'Haruka parvenait à glaner sur le Réseau ne lui plaisait pas... Il allait falloir surveiller ça du plus près possible, et sans se faire attraper. Mais cela attendrait. Pour le moment, il fallait dormir. Aylin et elle étaient en sécurité.
Elle ouvrit la porte voisine de celle de la chambre d'amis, et s'étala de tout son long sur le matelas suspendu au plafond, qu'elle s'était installé elle-même, et qui avait les avantages à la fois d'un hamac et d'un bon lit traditionnel. Elle se roula en boule dans la couette et s'endormit presque immédiatement.

Aylin suivit Haruka, monta l’échelle doucement car elle ne souhaitée pas tomber, la journée avait été assez chargée comme ça. Elle suivit ensuite Haruka jusqu’en haut de l’escalier. La vendeuse ne regarda pas à l’intérieur de la porte ouverte, se disant que sa cliente aurait pu mal le prendre. C’est vrai, déjà elle l’hébergeait Aylin n’allait pas non plus faire une inspection. Elle ne découvrit donc pas encore la salle de bain. Lorsque Haruka ouvrit la porte, la vendeuse de tissus crut d’abord qu’il s’agissait de la chambre d’Haruka mais lorsqu’elle apprit que c’était la chambre d’invité elle tomba des nus… C’était beaucoup plus confortable ici que dans sa modeste boutique. Les deux pièces d’en haut réuni devait faire cette pièce. C’était incroyable d’avoir une telle habitation en plein centre de Tokyo, des machines, un tel niveau de sécurité.

*Elle doit avoir plusieurs métiers ce n’est pas possible autrement…*

Cette pièce était vraiment jolie, claire et semblait être un vrai nid douillet. Aylin n’aurait sans doute aucun mal à s’y reposer. La rouquine fut surprise de la remarque de son amie sur la chambre. Elle secoua la tête et déclara le fond de ses pensées:

"C’est très bien, à vrai dire si tu venais un jour chez moi je ne pourrai t’offrir aussi bien!"

Cela fit chaud au cœur de l’entendre prononcer le mot amie en parlant d’elle. C’était la première personne qui la considérait vraiment comme une amie, c’était une toute nouvelle expérience pour Aylin. En plus c’était une amie prête à affronter le danger pour l’aider, dès leur première "soirée" elle l’avait prouvé. Un jour elle la remercierait, c’était certain. Peut-être devrait-elle lui envoyer un petit coli avec plein de vêtements dedans? Elle verrait bien par la suite, ça ne pressait pas.

Haruka prit soin de lui indiquer comment la contacter durant la nuit au cas où. Cependant la rouquine ne comptait pas la déranger, elle ne voulait pas la gêner encore plus qu’actuellement. Si elle avait besoin de quelque chose elle attendrait bien le lendemain matin. Elle n’était pas affamée, ne se levait jamais pour grignoter. Le seul souci qu’elle risquait de rencontrer était l’insomnie car elle faisait souvent des nuits blanches. Mais bon, ça c’était son problème. Aylin se voyait mal coudre chez Haruka, il y avait des limites tout de même.

La rouquine se courba.

"Merci Haruka, bonne nuit à toi aussi, fais de beaux rêves."

Elle sourit puis ajouta:

"A demain."

Aylin se coucha doucement sur le lit et s’endormit, malgré elle, était trop épuisée pour rester éveillée plus longtemps. D’horribles images hantèrent ses rêves mais au réveil elle ne s’en souvenait pas… C’était déjà ça de pris.

[Pour moi le sujet est terminé, sauf si tu veux ajouter quelque chose?]