Du tissu blanc, sivouplaiiiit ?[clos]

La cloche tinta, petit bruit vite couvert par la porte qu'Haruka claqua derrière elle. Elle avait fait le tour des magasins de tissus, et n'avait pas trouvé ce qu'elle voulait. Aussi, elle était passablement énervée, et la pauvre clochette avait fait les frais de son humeur. Elle se retourna d'ailleurs, aussitôt entrée, vers la porte. Elle observa, l'air curieux, le petit objet de métal tristounet qui pendait à la porte. Elle se haussa sur la pointe des pieds, et commença à sortir de sa ceinture un petit marteau : la cloche lui avait semblé sonner faux, alors il fallait remédier à ça...

Elle arrêta son geste et rangea son petit marteau, se mordant les lèvres. La dernière fois qu'elle avait voulu rendre service en réparant un plafonnier dont la lampe était cassée, on l'avait mise dehors car elle l'avait transformé en projecteur holographique qui avait rendu l'atmosphère de la pièce à la fois bien éclairée et très funky... un peu déplacé dans une banque. Il ne valait donc mieux pas qu'elle se laisse emporter par ses envies de bien faire. Elle était là pour trouver du tissu pour son magasin, car il ne lui restait plus du tout de tissus blancs originaux, et les mariées aimaient s'habiller en blanc. Allez savoir pourquoi, il suffisait de trois gouttes de pluie pour les ruiner. Mais enfin, c'étaient les clients. Donc, du tissu. Non, Haru, ne regarde pas la clochette de la porte. Non, ne regarde pas la caisse enregistreuse. Non, non, non, ne regarde pas les ampoules du plafond ! Regarde seulement la vendeuse, oui, la vendeuse.

Ah, mais justement. Ou était la vendeuse ? La cloche avait du la prévenir. Peut être était-elle aux toilettes ? Ou occupée ailleurs ? Haruka se força à garder les mains dans les poches, afin de ne pas malencontreusement céder à sa manie de bricoler ou d'ouvrir tous les tiroirs juste pour voir ce qu'il y avait dedans. Elle se mit à se balancer d'impatience, une danse qui ressemblait à celle que l'on pratique quand l'on doit se retenir d'aller au petit coin. Elle ferma même les yeux, pour ne plus penser à tous les appareils qu'elle pourrait améliorer en ce lieu. Mais la vendeuse ne venait toujours pas...

Elle n'y tint plus, et ni une, ni deux, ressortit son petit marteau et un tournevis et entreprit de frapper la cloche de manière douce mais répétée, afin de lui donner une acoustique qu'elle jugeait préférable. La cloche tintait donc joyeusement lorsqu'un mouvement d'air et un froufrou de tissu se firent percevoir dans son dos. Telle une enfant prise en flagrant délit de faire une bêtise, elle cacha ses outils dans son dos. La cloche avait-elle un meilleur son ? Difficile à dire. Haruka savait qu'elle avait une chance sur deux de se faire mettre à la porte, car elle n'avait pas pu résister à ses penchants naturels.

"Ah... heu... bonjour, mademoiselle..." fit-elle à l'attention de la personne qui se trouvait à présent face à elle, et qui était certainement la vendeuse, puisqu'elle n'avait pas l'air de chercher quoi que ce soit.

Encore une nouvelle journée! Des tas de commandes non terminées me restaient sur les bras. J'étais comme on dirait dépasser par le succès de cette boutique... Enfin c'était tout par moment: des fois il n'y avait personne et puis, après concertation générale de la ville, tout le monde débarquait en même temps. Ce matin personne n'était venu dans la boutique aussi avais-je décidé d'avancer au maximum mes commandes. Certaines étaient très rapides: faire des ourlets, repasser un costume. Mais quand il s'agissait d'une confection entière sur mesure c'était une autre paire de manche! Enfin, j'avançais. J'appuyais sur la pédale, plaçant le bord de mon tissu à 1 cm du bord, sur l'envers lorsque la sonnette me fit sursauter.

Étant de nature très réactive, je tombai aussitôt sur le sol en évitant d'emporter le tissu avec moi... Je soufrai mais ma commande était intacte: OUF! J'étais sur le point de me relever lorsque mes pieds se prirent dans ma longue robe ce qui provoquait inévitablement une autre chute. Il s'en suivit ce bruit étouffé, afin de ne pas faire fuir ma clientèle située une pièce plus loin:

" OUaaaaayeeuuu..."

*Bon allez Aylin, lève toi et marche!*

Elle se dépêcha de rejoindre l'autre pièce, enfin juste après s'être rendue de nouveau présentable. Elle ajusta son chignon d'où tombaient le reste de ses longs cheveux roux. Elle dépoussiéra sa longue robe blanche et fut interpelée par le bruit de clochette de sa porte. C'était étrange, combien de client allaient entrer comme ça? C'était si rapproché qu'elle en déduisit que, peut-être, quelqu'un s'amuser avec sa petite clochette.

Elle arrivait dans la boutique et vit une cliente bien étrange qui avait un marteau?! Elle était en train de trafiquer sa cloche, de taper dessus avec un marteau? Etait-elle tombée sur une personne dérangée qui avait eu la "merveilleuse" idée de pénétrer dans sa boutique.

* Je n'ai pas demandé de réparateur en plus... *

Je faillis interpeler la cliente bien spéciale lorsque celle-ci se rendit compte de ma présence. Je la regardais normalement, enfin... J'essayais de m'imaginer qu'il s'agissait d'une cliente potentielle: nous allions vite être fixés! Je lui souris, demandant tout de même:

"Bonjour madame... Que faites-vous à la cloche de ma porte?"

Je souris puis ajoutais:

"Peut-être puis-je vous aider, enfin si vous êtes bien venue ici pour acheter du tissu."

Haruka se tortilla, toujours très gênée de s'être fait prendre. Elle rangea les outils dans sa ceinture, et garda les mains derrière le dos. Qu'allait-elle pouvoir répondre à la vendeuse ? Elle ne faisait pas quelque chose à la clochette, non, elle travaillait pour cette petite cloche, qui pouvait, c'était certain, sonner plus juste. Avec un peu de travail, elle pourrait même en faire un carillon très sympathique ! Mais tel n'était pas le problème. Il fallait qu'elle s'explique. Elle s'inclina devant la vendeuse, les mains jointes en signe d'excuse.

"Aaah ! Pardon ! Pardon pardon pardon ! Je suis désolée ! Je n'aurais pas du toucher votre sonnette ! Mais elle me faisait pitié, elle sonne un peu faux... alors j'ai voulu l'aider un peu..."

Ensuite, la femme demanda à Haruka si elle voulait acheter du tissu. Ah ! Là, le terrain devenait plus sûr. Ça, elle pouvait lui répondre. Ce n'était pas trop difficile. Quoi que...

"Oui ! Il me faut du tissu !" fit-elle, les yeux pétillants, l'air soudain absorbé par le problème courant. Elle en avait presque oublié qu'elle était, quelques secondes plus tôt, en train de tripoter un objet qui ne lui appartenait pas, et ce dans la plus grande impunité. "Alors, je vais vous dire, ile me faut..." Le débit de parole d'Haruka accéléra soudain alors qu'elle récitait la liste des tissus qu'il lui fallait : "Rien que du blanc : de la tulle, de la soie, du coton, des polycarbonates, de la viscose, du nylon, de la mousseline, et si vous avez du kevlar, j'en veux bien aussi. C'est pour mon magasin de mariages, et les clients on toutes sortes de gouts..."

Haruka demeura les yeux posés sur la vendeuse, avec un large sourire. Elle se demandait si le moment était venu de sortir sa carte de paiement, mais elle n'en fit rien : Allez savoir, la vendeuse était peut-être une grande escroque, qui allait s'enfuir avec la carte pour se livrer à des achats pornographiques sur Internet ! Non, non, non ! On ne savait jamais sur qui l'on tombait. Elle ne connaissait pas encore cette jeune femme, alors elle n'allait pas lui laisser as carte de crédit de la sorte. Pas encore, tout du moins.

"Ah..." Une idée venait de germer dans la tête d'Haruka, en voyant la robe très jolie que portait la probable vendeuse. Il faut dire qu'Haruka, si elle était techniquement capable de coudre, avait, disons, quelques soucis avec les robes de mariée qu'elle dessinait : Elle étaient soit trop osées, soit pas assez féminines, et avaient une méchante tendance à glisser doucement tandis que la mariée avançait vers l'autel, ce qui plaisait certes au public ainsi qu'au fiancé, peut être même au prêtre, mais pas à la fiancée, à laquelle elle devait systématiquement faire une ristourne sur le prix du mariage. Qu'elle récupérait en vendant les photos au fiancé en douce, dans disons, 80% des cas. Bref !

"Dites-moi, faites vous aussi de la confection ?"

Alors comme ça sa sonnette sonnait faux?... Elle l'aurait sans doute mal pris, oui, avoir une cliente audacieuse qui vient ici et qui ose toucher et critiquer son matériel aurait du la mettre hors d'elle mais, contre toute attente, sa réaction fut totalement différente. Après tout, elle n'avait jamais remarqué que cette sonnette sonnait faux, et si une cliente le remarquait peut-être que d'autre aussi et cela faisait une chose qui faisait qu'un concurrent aurait pu récupérer ses clientes, bien que tout ça soit un peu tirer par les cheveux. Le principe était qu'il fallait que tout soit au mieux donc si cette sonnette pouvait être mieux, il fallait qu'elle le soit! Aussi elle lui demanda finalement:

" On pourra voir ça après vos achats mais si vous pouvez aider ma sonnette, faites le surtout si c'est une offre gratuite... "

Malgré l'acceptation de son agissement, le fait que cette demoiselle se trimbale avec ce genre de matériel sur soi était étonnant...

Enfin, revenons à nos moutons blancs. Ben oui, il s'agissait de tissus blancs alors... Enfin bref si vous préférez revenons à ce que lui disait la jeune femme. Elle savait ce qu'il lui fallait, elle n'aurait donc pas à s'attarder de trop. Aylin écouta attentivement toute la liste de la jeune femme puis, une fois que celle-ci eut terminé de poser sa question elle lui répondit avec un petit sourire:

" Oui, je fais bien de la confection et en ce qui concerne les tissus je pense avoir tout ce dont vous désirez. Regardez sur votre droite, c'est la pile des tissus blancs. Je vais vous ramener de ce pas d'autres tissus plus beau mais plus cher qui se trouvent dans l'arrière boutique. Je reviens tout de suite."
Elle faillit ajouter: "surtout ne toucher à rien" mais se dit que c'était inutile. Sa cliente ne tenait pas en place et il faudrait faire avec... Elle ramena rapidement une bonne pile de tissus blancs de soie, de coton, du tulle et bien d'autres matières.

Elle les posa sur une petite table et lui dit:

" Vous pouvez regarder. "

* Mais faites attention à ne pas les salir... *

Mine de rien ça coûtait rapidement une petite fortune de passer à la machine autant de tissus... Et puis le blanc tâche si rapidement et parait si rapidement sale.

Haruka se fendit d'un large sourire tout-en-dents lorsque la vendeuse lui dit qu'elle pourrait réparer la sonnette. Au moins ne s'était-elle pas fait mettre dehors. Maintenant qu'elle avait l'accord de la jeune femme, elle pourrait transformer ce minable carillon en belle sonnerie symphonique à douze haut-parleurs, que l'on entendrait du bout du magasin... Hum... Non, il ne valait peut être mieux pas. Après tout, la femme n'avait fait que parler de réparer, pas d'améliorer. Et puis, si Haruka achetait plein de tissu, il ne lui resterait pas des masses d'argent pour acheter tout plein de pièces bien chères pour le carillon de porte. Cela dit, elle prit mentalement note d'améliorer le propre carillon de son magasin.

La demoiselle revint de l'arrière boutique avant même qu'Haruka, absorbée dans ses considérations amusantes. Elle avait les bras chargés de nombre de tissus blancs, parmi ceux qu'elle avait demandés. Ils étaient de bonne qualité, du moins à l'oeil. Haruka respectait les machines, mais aussi la plupart des objets en général. Elle comprenait tout le travail que représentaient les tissus, surtout des pièces de cette qualité. Aussi, elle sortit deux gants blancs de sa poche, qu'elle enfila. Elle se mit ensuite à inspecter d'un oeil expert les pièces de tissus.
Au toucher, ils étaient agréables, doux et probablement résistants. Oui, ils lui convenaient parfaitement. Elle pourrait les acheter dès à présent, mais restait le problème des robes. Malgré tout, cela ferait une mauvaise publicité à son magasin, si le bruit courait que systématiquement les mariées finissaient en petite tenue. Après tout, elle ne tenait pas un commerce pour adultes ! Pas dans le sens érotique du terme, tout du moins.

"Ils sont magnifiques... combien en demandez-vous ?"

Oui, chaque chose en son temps. Demander le prix du tissu lui permettrait probablement d'évaluer le tarif qu'elle demanderait pour la confection. Le temps, lui, n'avait pas d'importance. Les clients venaient généralement avec des délais d'un à deux ans avant de venir réclamer leurs commandes, donc, elle avait généralement le temps de faire de beaux modèles de vêtements, de les coudre, et de les voir s'affaisser dans l'église, de derrière sa caméra. Heu, non ! Pas de les voir s'affaisser.

Apparemment elle avait vu juste: les tissus intéressaient la jeune femme. Aylin sourit et du déclarer le pris des tissus. Bien évidemment le prix était au mettre, et étant des tissu de qualité ils n'étaient pas donnés du tout. Elle s'avança doucement vers les tissus, vérifiant l'étiquette et déclara:

" Cela part pour le moins cher de 1 800 et 3 200 yen le mètre. Donc après cela dépend de votre choix, de vos besoins et de votre porte monnaie! "

Aylin aurait bien fait un prix mais elle ne pouvait aller lus bas que le prix qu'elle avait elle-même payé pour obtenir ces tissus. Hé oui ce n'était pas donné car elle prenait la meilleure qualité pour mieux satisfaire ses clients. Alors oui, parfois c'était assez cher mais ses tissus pouvaient durer toute une vie! Ce n'était pas de la pacotille! D'ailleurs, en cas de problème elle pouvait même échanger les tissus, elle expliqua tous ces avantages à sa nouvelle cliente:

" Mes tissus sont garantis, s'il leur arrive quelque chose, s'ils se déchirent ou ont des trous avant 4 ans, et qui n'ont pas pour origine un feu ou une cigarette posé dessus, je vous en donne de nouveaux. Je peux aussi, si c'est sur un vêtement, le raccommoder de sorte qu'on ne se rende pas compte que le vêtement fut un jour abîmé. "

* Je n'ai rien oublié? Ah, si!*

"Ah oui, à partir de 4 000 yens de commandes chez moi je vous offre un rouleau de tissu qui n'est pas à vendre d'habitude. "

Voilà, la petite pub était faite et maintenant il restait à voir si elle allait acheter ou pas. C'était le moment décisif, avait-elle bien dit tout ce qu'il fallait? Oui... Elle n'avait plus qu'à espérer que tout ceci conviendrait à la demoiselle.

Une chose était certaine pour Haruka, en tout cas. La jeune femme avait manifestement bien réfléchi à son offre commerciale. Et ses tissus devaient effectivement être de qualité, si elle les garantissait ainsi. Oui, mais bon. On avait rarement à se resservir d'une robe de mariée, ou alors, pour la refiler à sa fille qui généralement de toute manière n'en voulait pas. Haruka était donc bien ennuyée. Si elle avait commandé sur Internet, elle aurait cherché la case où l'on pouvait supprimer les garanties optionnelles en la décochant. Mais c'était une vendeuse réelle, et elle doutait que la jeune femme possède des cases à cocher sur son corps, c'eût été une grande première.

Haruka se demanda si cela valait la peine de payer autant de tissus. Il fallait bien dix mètres de tissus par robes, et les clients voulaient souvent une robe qui comportait plusieurs tissus. A ce prix là, Haruka se retrouverait vite sur la paille. En effet, dix mètres de tissu feraient au minimum 18000 yens, et il lui fallait au moins 10 variétés ! Elle n'avait pas 180 000 yens ! Remarque, elle pouvait pour commencer, acheter deux variétés, puis revenir une fois que ses clientes auraient payé (évidemment d'avance, elle ne tenait pas à ce qu'elles s'enfuient en hurlant de rire, la robe sur le dos) pour leurs robes. Elle prendrait donc... mmh... le choix était difficile.

"Je vais prendre, alors, cinq mètres de cette soie, et cinq de ce tissu synthétique..."

Dans l'esprit d'Haruka, parcouru par des milliers de pensées à chaque seconde, des images de robe se formaient déjà. Oui, elle serait magnifique : simple, moulant les formes de la mariée, avec un décolleté osé mais pas trop, recouvert par tout plein de voiles transparent qui feraient comme une aura autour de la mariée. Et elle ne glisserait pas, celle là ! Ah, non ! Même s'il fallait l'accrocher à la mariée avec des agrafes ! Quoique... Non. Une mariée en larmes de douleur n'aurait pas l'air très joyeux sur les photographies.
Elle sortit sa carte de paiement avec une expression contrite, comme si elle allait devoir l'abandonner à jamais, et qu'il en serait fini d'elle dès que la vendeuse l'aurait insérée dans le terminal.

"...(snif)... voilà..."

Sa cliente avait fait son choix. Elle allait donc prendre en tout dix mètres de tissus. C'était une bonne vente pour Aylin, elle n'en faisait pas des comme celle là tous les jours. Elle n'allait pas le fêter avec du champagne ou quoique ce soit mais bon, elle finirait la fin du mois mieux que d'habitude. Bon, c'était bien de prévoir la fin du mois mais pendant ce temps sa cliente n'avait pas son tissu. Aylin pris sa longue règle, comptant les mètres puis coupa rapidement les tissus et les mit dans un plastique et le donna à sa cliente. Elle prit la carte de paiement de la demoiselle puis lui tendit un petit questionnaire en lui donnant ces explications:

" Pouvez-vous remplir ce petit questionnaire, il me permettra de vous envoyer les nouveautés du magasin et de vous faire parvenir un cadeau pour votre anniversaire. "

Le questionnaire ressemblait à ceci:

Nom:
Prénom:
Date de naissance:
Adresse:
Ville:
Numéro de téléphone:
Signature:

Aylin la laissa le remplir tandis que la machine prenait un peu son temps pour accepter le paiement. Puis un petit message sur l'écran indiquait que la demoiselle pouvait enfin retirer sa carte. Elle lui signala avant de lui rappeler le petit service qu'elle lui avait proposé:

" Pensez-vous avoir encore un peu le temps de réparer la clochette ou repasserez-vous plus tard? Enfin, si vous le souhaitez encore bien évidemment ceci n'est pas une obligation. "

La rouquine lui sourit, se demandant si sa cliente souhaitait toujours autant s'amuser avec son marteau sur sa clochette qui, apparemment, sonnait si faux. Aylin avait peut-être de bonnes notions sur la couture, les vêtements et la mode mais en ce qui concernait les sonorités c'était loin d'être le cas. Pour elle pas mal de sons se ressemblaient, bien qu'elle entende les différences aucun son ne la choquait en particulier sauf s'il était strident bien sûr. Disons qu'elle n'aurait sans doute pas fait une bonne musicienne mais on ne peut posséder toutes les qualités.

Fort heureusement sa cliente semblait experte en ce domaine et elle comptait bien la laisser faire...

Haruka, la larme à l'oeil, rangea sa carte bleue douloureuse dans son portefeuille, lui rendant sa place douillette, et lui donnant une petite tape afin de rassurer le pauvre moyen de paiement. Une fois cela fait, elle saisit le formulaire que la vendeuse lui tendait. Il y avait quelques informations personnelles. Elle sortit un curieux stylo de sa poche : il était intégralement noir. Pas seulement noir, mais mat. On aurait dit un stylo fait de nuit pure. Elle l'avait trouvé dans une brocante, et l'avait choisi précisément pour cette raison. En plus, il écrivait bien.
Elle s'appliqua donc à remplir le formulaire.

Haruka a écrit:: Nom: Denki
Prénom: Haruka
Date de naissance: 10 février 1985
Adresse: Juste au coin de la rue, puis à gauche, et environ cent mètres à gauche, au "mariage réussi". Comme ça, ça vous économisera les frais de livraison...
Ville: Tokyo
Numéro de téléphone: +000.999.212.127.18.35 -ca ressemble à une IP parce que c'est un téléphone Internet, c'est gratuit de m'appeler !
Signature: (gribouillis illisible)

"Voilaaa" fit-elle avec un grand sourire, en tendant le formulaire rempli à la vendeuse. Elle lui demanda ensuite : "Mais, ce n'est pas juste, j'ignore votre nom, moi... pourrais-je le connaitre ?" avec une petite moue timide.

Sur quoi la jeune femme lui rappela l'histoire de la clochette. Evidemment qu'elle voulait bien continuer à la réparer. A vrai dire, elle avait quasiment terminé, il ne lui restait que quelques coups de marteau à donner, et à graisser le petit arceau soutenant le battant de la cloche, pour lui rendre un son pur et cristallin. Ce serait vite fait : Aussi curieux que cela puisse paraitre, elle possédait également dans sa ceinture aux mystères une petite burette d'huile.
Et pour ceux qui se demandent comment tout cela tenait dans la ceinture d'Haruka... Considérons les deux options : Soit elle était affublée d'une atroce ceinture épaisse de plusieurs centimètres, qui lui cassait le dos et lui donnait l'air aussi féminin qu'un bûcheron canadien, soit la ceinture préservait sa silhouette, son dos, et distrodait la réalité. C'est fou ce que l'on trouve dans les brocantes... Tout ec que je peux vous dire, c'est qu'Haruka n'avait certes pas l'air d'un bûcheron.
Elle aurait même pu être sexy, si elle s'en était donné la peine. On lui avait même déjà dit (son coiffeur visagiste, en fait) qu'elle avait un beau visage. Mais elle n'en avait pas grand'chose à faire, car elle n'avait jamais trouvé personne qui lui convienne. Enfin...

"Oui, je vous fais ca tout de suite" dit-elle en condensant sa pensée pour la vendeuse, qui n'aurait de toute manière pas suivi son train de pensée décousues.

Sur quoi elle recommenca à marteler la clochette, faisant pas mal de bruit, bruit qui changeait doucement au fur et à mesure qu'elle tapait dessus.

Aylin regarda Haruka qui, apparemment avait son stylo et s'appliquait à remplir le formulaire. Elle le récupéra délicatement, le lisant rapidement et sourit légèrement en lisant l'adresse de celle-ci. C'était assez original, mais au moins elle savait où la trouver. Ainsi c'était elle qui tenait le magasin de mariage? Elle n'aurait jamais pu le deviner sans qu'elle ne lui dise. Elle rangea alors le formulaire avec tous ceux de ses clients, le classant à la lettre D comme Denki. Oui, elle avait un carnet à la base petit, qui avait grossi depuis, avec un référencement alphabétique. Elle pouvait ainsi facilement retrouver ses clients, les articles dont ils avaient besoin et ainsi toujours mieux répondre à leurs attentes. Elle retenait bien tous es noms, passant parfois des nuits entières à s'interroger sur chaque noms. Quelle commerçante serait-elle si jamais elle ne connaissait plus le nom de ses clients. Revenons-en à notre histoire, nous nous éloignons. Elle remercia bien évidemment Haruka en récupérant le papier:

" Merci bien. "

Puis, lorsqu'elle lui demanda son prénom, Aylin s'excusa de ne l'avoir pas dit plus tôt avant de répondre gentiment:

" Bien sûr, je m'appelle Aylin Loena. "

Elle laissa Haruka s'occuper de la clochette et, pendant ce temps là, alla chercher un petit cadeau de bienvenue. Hé oui, les nouveaux clients avaient eux aussi le droit à un petit cadeau. Chaque cadeau était unique, c'était en général les accessoire qu'Aylin faisait lorsqu'elle avait du temps devant elle et que les clients n'étaient pas nombreux, ce qui arrivait de rares fois. Elle chercha un moment avant de trouver ce qui pouvait bien plaire à sa cliente: il s'agissait d'une veste assez classique mais classe, avec de nombreuses poches internes et externes camouflées. Elle qui se baladait apparemment avec tout un tas de matériel en aurait sans doute l'usage. Elle revint donc dans la pièce et attendit qu'elle eut finit son petit service avant de la remercier comme il se devait:

" Merci beaucoup, c'est rare que l'on me rende des services. Il y aura une petite touche de vous chaque fois qu'un client entrera dans le magasin. "

Elle tendit ensuite la veste noire en lui disant:

"Tenez, c'est un cadeau de la maison pour votre premier achat. "

Nul besoin de préciser que, contrairement aux grands commerces, même ses cadeaux de bienvenue étaient d'une grande qualité de finitions. Elle ne laissait rien au hasard: on ne fidélise pas en trichant sur la qualité. D'ailleurs c'est sans doute cela qui avait fait marcher son commerce. Elle demanda tout de même, à tout hasard:

" Ce cadeau vous convient-il ou souhaitez-vous en voir d'autres? "

On ne savait jamais, Haruka avait peut-être déjà une veste comme celle-ci et désirait plus un sac, une robe ou une jupe que cette veste. C'était à elle de décider après tout.

"Enchantée, mademoiselle !" fit Haruka, avec un grand sourire.

Visiblement, cette vendeuse de tissus... Aylin... n'avait pas pris ombrage de sa tendance quasi-maniaque à vouloir tout réparer. Elle avait l'air d'une personne sympathique, bien qu'un peu réservée. Elle se prit à s'interroger sur la vie de cette jeune femme. A quoi s'occupait-elle ? Certes, son commerce semblait tout de même avoir un certain nombre de clients, cela se voyait au sol lustré et à la porte qui ne coinçait pas. Pourtant, il n'y avait personne de toute la durée de sa visite dans le magasin, donc, il n'y avait pas non plus foule. QUe faisait-elle le reste du temps ? Se livrait-elle à la confection ? Avait-elle des loisirs ? Lesquels ? Haruka se dit, que, de toute manière, c'aurait été impolie de le demander ainsi, de but en blanc. Elle se retint donc.

Elle rangea ses outils divers lorsqu'elle eut terminé de réparer la clochette, qui tintait désormais joyeusement. Elle essuya ensuite ses mains sur un tissu noir qu'elle sortit de sa poche, et le rangea ensuite. Elle ne voulait pas salir le magasin de la jeune femme, ni les tissus blancs qu'elle venait -chèrement- d'acquérir.
Et voilà que la demoiselle lui tendait une veste noire, toute simple, mais néanmoins élégante. Haruka, qui avait l'oeil pour ce genre de détail, remarqua immédiatement les nombreuses poches dissimulées que comportait le vêtement, qu'un voleur expert n'eut reniées. Mais cela lui allait fort bien. De plus, la couleur noire, sobre et discrète, convenait parfaitement à Haruka. Le vêtement était même tout à fait portable en soirée. Doublement pratique ! Quel bel objet !

"Oooooh ! " fit-elle, admirative devant le travail accompli par la jeune femme. "Elle est magnifique ! Vous avez dû y consacrer beaucoup de temps... Je vous remercie énormément, mademoiselle !"

Elle enfila la veste, qui lui allait plutôt bien. Certes, Haruka n'aurait pas remporté le prix de la tenue la plus sexy, mais elle n'en avait honnêtement rien à faire. Et malgré tout, cela lui donnait un air relativement classe, démenti par le foulard qui lui attachait les cheveux.

"Non, non !" fit-elle lorsque la vendeuse lui demanda si elle souhaitait autre chose. Elle avait vu juste, ce vêtement convenait tout à fait à la gérante du mariage réussi. "Elle est parfaite, encore merci !"

Elle effleura la manche du tissu. Il était d'une excellente qualité. Elle tira doucement sur la manche, puis un peu plus fort. Les coutures ne craquèrent pas du tout. Le vêtement était d'une très bonne qualité. Elle regarda la vendeuse, l'air de s'excuser de son comportement. Elle venait en effet de se rendre compte que son geste aurait pu être interprété comme une tentative de déchirer le vêtement. Il n'en était rien, bien sûr.

"Ahh... Je testais sa solidité... vous comprenez... comme je fais pas mal de grands mouvements... mais je constate qu'elle est très résistante..."

Sur quoi elle ne sut plus trop quoi dire, et resta un instant silencieuse, avant de saisir tant bien que mal le tas de tissus blancs qu'elle avait achetés. Mmmh, restait un problème. Ses deux mains étaient prises, à présent.

"Pourriez vous... m'aider pour la porte... si ca ne vous ennuie pas, bien sûr ?"

Apparemment elle avait choisi le cadeau, c'est ce qu'Aylin en déduit en voyant la réaction d'Haruka. Elle voulait bien la garder. Bon, au moins elle n'aurait pas à chercher encore dans sa grande malle. Elle avait en général la main chanceuse, ses clients trouvaient toujours ses cadeaux à leurs goût. Ou bien peut-être qu'Aylin savait à peu près trouver les goûts de sa clientèle? Dans tous les cas elle perdait donc rarement du temps. La jeune rousse fut sortie de ses pensées en voyant Haruka tester les coutures... Elle y allait un peu plus fort que la normale... Elle n'avait pas peur de voir si la tension du fil avait bien été appliquée. C'était rare les clients qui savaient tester la bonne conformité des coutures. Mais Aylin ne laissait jamais rien au hasard, elle prenait toujours une bonne tension du fil de canette par rapport au tissu afin qu'il n'y ait pas de craquement. Un fil qui craque c'est signe de mauvaise qualité...

Enfin là c'était peut-être tester un peu durement le vêtement, non pas qu'il allait craquer mais si elle continuait comme cela Haruka allait déformer la veste! Elle fut tentée de lui reprendre des mains mais elle ne le fit pas. Maintenant qu'elle l'avait donné, sa cliente pouvait bien la déchirer, la brûler ou faire n'importe quoi avec, ça ne la regardait plus... Enfin, elle ne put cacher son soulagement lorsque le massacre se termina enfin. Haruka se justifia apparemment du mieux qu'elle put... Elle faisait de grands mouvements? Il faut dire qu'elle semblait, en effet, assez énergique. Heureusement qu'elle faisait des vêtements solides...

Aylin, remarquant un petit silence s'installer répondit simplement:

"Je suis contente qu'elle est à votre goût et que sa solidité vous convient. "

Elle laissa Haruka prendre ses affaires et la vit peiner à ouvrir la porte, elle allait donc pour venir l'aider au même moment où celle-ci lui en demanda. Elle ouvrit rapidement la porte, qui sonna comme il convenait de sonner (du moins elle le supposa), en répondant:

" Voilà, encore merci de votre visite et à bientôt j'espère."

Le retour d'Haruka dans sa boutique serait une double bonne nouvelle: cela signifierait une nouvelle rentrée d'argent et des clients pour la propriétaire du magasin de mariage. En tout cas c'était une cliente tout à fait agréable qu'elle aurait plaisir à revoir, même en dehors de son magasin.

[J'estime le topic terminé]

» A la piscine (PV: Sven ^o^)[clos]
» Petite sieste (PV: Aylin)[clos]
» Une rencontre inattendue... (Sven)[clos]